Il y a des scientifiques qui ont révolutionné le monde de la pensée. Albert Einstein en fait parti. Grâce au pouvoir du rêve, Etienne Klein le rencontre et échange avec cet homme qui a influencé sa vie.

4e de couverture
Par l’effet conjugué de divers paramètres, Etienne Klein se retrouve face à Albert Einstein dans le monde contemporain. Les deux hommes entament un road trip loufoque au cours duquel ils échangent leurs réflexions scientifiques et philosophiques à propos des granges découvertes ou événements qui ont eut lieu depuis la mort du physicien en 1955.

Mon avis
Etienne Klein s’est donné comme mission de vulgariser et de rendre accessible les sciences. Pour lui, il n’y a pas de valeur meilleur que cela soit pour les sciences, les sciences humaines et sociales, la culture, l’art… Tout s’enrichit l’un et l’autre. Alors la bande dessinée semble être dans la continuité de rendre accessible un savoir dit inaccessible au grand public. Le choix se pose sur une figure que tout le monde connaît avec Albert Einstein. Même si l’on ne comprend pas vraiment ce qu’il a analysé et proposé. On lui accorde E = MC2. Bien qu’encore une fois, peu d’individus pourraient l’expliciter. A travers un rêve, les deux chercheurs se rencontrent pour discuter de toutes les avancées qu’a permis Einstein. Un bilan s’impose sous forme d’un échange sympathise et informel. Le juste milieu n’a pas été facile à trouver. Quand deux experts échangent, ils n’ont pas besoin de rendre compréhensible ce qu’ils disent. Là, on voit l’effort de simplification. Malgré cela, il faut tout de même s’accrocher pour comprendre l’invisible. Rien que de parler de physique quantique ou de dire que la lumière n’a pas de masse, effraie. Bien que certaines données échappent à la compréhension, on tourne les pages avec une curiosité très présente. La partie qui parle de notre société est bien entendu plus accessible. On rentre moins dans les détails techniques et plus des généralités de la modernité. Pour rendre les choses plus digestes, quelques notes d’humour sont insérées ici et là.

Bien entendu, le nucléaire à toute sa place. On a attribué à tort les bombes à Einstein. En effet, il n’a pas conçu mais il a alerté sur un danger, où le nucléaire a un rôle à jouer. « – Tout ça, parce que j’ai écrit une lettre au président Roosevelt à l’initiative de mon ami Léo Szilard. – La fameuse lettre de 1939 dans laquelle vous avertissiez le président de la possibilité que les nazis fabriquent une bombe… Nous étions effrayés, oui, à l’idée qu’Hitler pourrait en disposer d’une. Notre objectif était plus d’alerter sur ce risque que de demander la fabrication de bombes atomiques! » (p. 94). L’intérêt économique a été bien calculé aussi. Le scientifique n’a pas participé au projet Manhattan. Pourtant cela a semblé normal de nommé un nouvel élément chimique hyper radioactif suite à l’explosion de la bombe à hydrogène dans l’atoll d’Enewetak le 1er novembre 1952. Le numéro 100 est le fernium et le numéro 99 l’einsteinium. Aurait-il vraiment voulu cela? Dans la bd, les scénaristes ont choisi que non. Pourtant, Einstein n’était pas un homme charmant. Ici il est représenté sous la forme d’un papi gentil, ouvert, curieux et tolérant. Une vision idyllique, certes au service du sujet, qui pourrait être trompeur sur l’homme. Bien qu’il faut parfois relire les bulles pour bien comprendre des concepts, on a l’impression de mieux comprendre l’homme, sa pensée et ses apports à la science moderne. Il a posé les bases pour la matière noire, la physique quantique et tellement d’autres choses. On omettant tout de même le rôle joué par son épouse. Heureusement, elle a été évoquée un peu.

Et enfin, contre toute attente, Etienne Klein choisit d’évoquer les catastrophes environnementales. Mieux comprendre le passé devrait permettre de mieux choisir l’avenir. Une mise en bouche qui nous incite à poursuivre la lecture de bd autour des sciences et des mathématiques. Une quête de savoir qui jamais ne s’arrête. « Les gaz à effet de serre qui sont présents dans l’atmosphère, comme la vapeur d’eau ou le gaz carbonique retiennent et repoussent ces rayons vers la surface de la terre, ce qui contribue à réchauffer l’atmosphère. Sans cela, la température moyenne de notre belle planète serait de -18° celsius… Mais!… il y a quelques décennies, nous avons compris que l’activité humaine accroît cet effet en augmentant la proportion de gaz à effet de serre qui séjournent dans l’air, notamment par le biais de la combustion d’énergie fossile de la déforestation et de l’agriculture intensive. Résultat, la température à la surface du globe a augmenté de façon disproportionnée. Je ne vous ferai pas la liste exhaustive des conséquences sur la planète, ses milieux naturels, sa biodiversité, et dans nos propres vies… Le cycle de l’eau perturbé : des précipitations en augmentation dans certaines régions, la sécheresse ailleurs. Incendies de forêt, niveau des océans qui ne cesse de monter et des cours d’eau qui s’assèchent… Les espèces animales qui ne peuvent plus s’adapter, certaines, dangereuses pour les cultures ou pour l’homme, qui se mettent à proliférer… Les rendements de ces cultures qui s’appauvrissent… Aujourd’hui, 70% de l’eau douce sur terre existe sous forme de glace. Imaginez le tableau si les glaciers venaient à fondre! Imaginez la montée des eaux qui en résulterait! Dans les banquises, c’est spectaculaire : leur surface risque de devenir peau de chagrin dans quelques dizaines d’années à peine… » (p. 118). Un constat qui va avec les luttes d’Etienne Klein. Tout ça n’est pas une perception, cela reste des faits. A chacun d’en conclure ce qu’il souhaite.

Une lecture enrichissante qui nous pousse à voir une pensée sur le rapport au monde qui évolue toujours.

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