Le monde ne peut pas tourner sans les banques. Pourtant, les états acceptent une seule forme de fonctionnement. Alors qu’il serait possible d’en faire un rouage qui n’a pas pour objectif d’enrichir les plus riches.

4e de couverture
Les crises financières se succèdent et se ressemblent. Chaque fois, pour éviter le chaos, les États et les banques centrales interviennent. Mais que sauvent-ils ? Quel rapport cela a-t-il avec l’augmentation rapide des inégalités et de l’endettement des États, avec la dégradation des services publics, ou encore avec les résistances à travers le monde ?La Machine à détruire revient sur ces crises et ce qui les suit, et s’interroge sur la place croissante des banques et de la finance dans nos existences. Suffira-t-il de déplacer l’argent vers des investissements plus verts ? Les solutions financières sont-elles à la hauteur de leurs promesses ? Peut-on se permettre de laisser les banques au centre du système ?Loin de nous écraser avec des notions techniques et lointaines, Aline Fares et Jérémy Van Houtte proposent plutôt un regard limpide et des analyses drôles et documentées sur la finance, à partir d’expériences familières et vécues.

Mon avis
La finance commence à devenir un sujet dans le 9e art. A force d’entendre dire par les élites de la société que l’économie est trop compliquée pour les citoyens lambdas, ils en sont convaincus. Ils envoient des personnes dans les médias dont on ne comprend rien pour confirmer cette approche. Ainsi après, c’est en toute décompression que l’on peut faire passer toute loi très répressive. Dorénavant, certains économistes ont décidé de vulgariser leur monde pour le grand public. Dans cette album, on découvre la face cachée des banques à travers l’expérience de la scénariste, Aline Fares. Elle était chez Dexia, qui ouvre une nouvelle filiale à Monaco pour faire de l’évasion fiscale plus adaptée. A partir de là, un comprend qu’il y a collusion entre les banques, les politiques et les Etats. L’objectif est que les actionnaires gagnent toujours plus d’argent. Et donc que les gens les plus riches s’enrichissent encore et encore au détriment de tous les autres.

Le choix repose souvent sur l’austérité comme unique solution. Rien de tel pour rassurer les banques et les notations. « On va diminuer les dépenses jugées non rentables. » qui sont les hôpitaux, les retraites, l’éducation, la sécurité sociale… Puis on passe à l’étape, « vendre des biens publics c’est à aider privatiser! » avec la française des jeux, l’aéroport de Paris, BPOST, plages grecques, l’anglia railways, les autoroutes… Et enfin, « augmenter les impôts, la TVA, la taxe sur le carburant…. Mais attention à ne pas augmenter l’impôt sur les profits des multinationales ou sur la fortune, hein! » (p. 89). Étonnamment, cette méthodologie rappelle forcément quelque chose.

Donc parfois, quand un citoyen standard va demander un prêt, on se fait envoyer sur les roses. Mais quand les clients les plus riches arrivent, c’est un autre discours qui se fait entendre. « Pour les impôts, une bonne équipe de fiscalistes nous arrange les meilleurs plans dans des pays qui n’ont pas des taxes, de communistes, comme ici. Et voila un joli profit! Banque ou pas banque, c’est ça l’objectif d’une entreprise avec des actionnaires. » (p. 24). La scénariste s’interroge de plus en plus sur son métier. Elle voit du potentiel dans l’écologie. « En gros, tant que la logique de maximisation du profit et de rémunération des actionnaires prévaudra. Le développement durable, ça restera du flan.  » (p. 27). Elle montre que les banques ont une influence sur les sociétés et les choix d’avenir. Par conséquent, l’agriculture est un pion très important. Tout est fait pour qu’il repose sur un système de crédit dont il est difficile de s’en sortir. « A travers le monde, la paysannerie recule au profit des grandes exploitations intégrées aux marchés internationaux. Avec elle, c’est la souveraineté et la sécurité alimentaires, et donc la capacité d’autonomie des peuples, qui reculent, notamment dans les pays des Suds. La France ainsi que la Belgique ont perdu 70% de leurs fermes sur les 40 dernières années. Au niveau européen, 3% des grandes exploitations agricoles contrôlent plus de 50% des surfaces agricoles. En 2020, plus de 800 millions d’humains souffraient de la faim, et près de 3,1 milliards de personnes n’avaient pas suffisamment de moyens pour se nourrir sainement. Alors que un tiers de la production agro-industrielle (et donc un tiers du travail fourni de l’énergie consommée…) est simplement jetée. Au Nord comme au Sud, l’endettement des agriculteurs et des agricultrices est tel qu’il provoque des situations de désespoir. En France, deux exploitant.es agricoles se donnent la mort chaque jour. » (p. 138). Il n’y a rien à ajouter.

Les informations continuent de nous être données et notre révolte personnelle augmente. « Depuis 2020, les 1% les plus riches ont accaparé près de deux fois plus de richesses que le reste de l’humanité. En Belgique, les 10% le plus riches possèdent 79% des actions cotées en bourse. En France, la fortune des 10% les plus riches (qui ont en moyenne un patrimoine de 1,4 millions d’euros, résidence principale incluse et un minimum de 633000 euros) est composée de 1/4 d’avoirs financiers. La fortune des milliardaire, dont une part importante est composée d’actifs financiers, augmente de 2,7 milliards de dollars par jour. » (p. 145). Donc pour augmenter toujours plus leur pécule, ils faut investir dans de nombreux secteurs avec toujours la politique de réduire l’investissement pour maximiser les bénéfices. L’environnement est toujours une victime de ces choix peu scrupuleux. « Entre 2016 et 2022, les plus grandes banques internationales contemporains ont fourni, sous forme de crédits et d’obligations, près de 10 milliards de dollars à l’entreprise minière Vale, celle-là même qui est responsable de la plus grande catastrophe environnementale qu’ait connue le Brésil. » (p. 148). On pourrait lister de nombreuses catastrophes en lien avec la finance. Et après, ce n’est jamais les responsables qui paient pour les conséquences. La société civile doit faire le nécessaire. La banque ne perd jamais. Les dernières pages proposent des alternatives au système en place. Toutefois, ceux qui en profitent le plus ne voudraient rien en faire. Difficile de lutter contre la corruption et la collusion entre les politiques, les riches et les banques. L’unique certitude c’est qu’en ne proposant pas, en essayant pas, il ne se passera bien et les autres continueront à se frotter les mains.

Une bd qui permet de prendre conscience d’une organisation systémique qui bénéficie toujours au même. Ainsi que la construction d’un discours et d’une approche afin que rien ne puisse changer. Attention, vous risquez de ne plus voir votre banquier avec le même regard.

7 réponses à « La machine à détruire – Pourquoi il faut en finir avec la finance – Aline Fares et Jérémy Van Houtte »

  1. Avatar de belette2911

    Il faut que je le lise (et que je le trouve, aussi !).

    1. Avatar de noctenbule

      Elle est assez récente.

      1. Avatar de belette2911

        J’espère que ma biblio l’aura 😉

      2. Avatar de noctenbule

        il faut croiser les doigts

      3. Avatar de belette2911

        Je vais croiser tout ce que je peux 😆

      4. Avatar de noctenbule

        il va falloir mettre à contribution ton chéri et on chat.

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