Navie avait une vie assez heureuse. Mais au fond d’elle, une souffrance était tapie. Son poids est devenu un problème auquel il fallait faire face.

4e de couverture
Navie était malade. Elle était en obésité morbide et souffrait chaque jour, avec le sourire sans jamais le montrer… L’acceptation de soi est ce qui lui tient le plus à coeur, mais comment aimer cette fille dans le miroir qui n’est que le reflet de sa souffrance ? Navie portait son double. Un double qu’elle a aimé, qu’elle a essayé de fuir puis de tuer. Mais comment fait-on pour se tuer sans mourir ?

Mon avis
Bien souvent dans le 9e art, l’image du gros reste celui du méchant, de la femme au foyer, des stupides… Bien rare sont les témoignages de personnes grosses évoquant leurs souffrances personnelles. La grossophobie est devenue une chose ordinaire et totalement banale. Il est normal de stigmatiser les gens gros car forcément ils ne savent pas se contrôler et donc sont faibles. Les maigres, ils se privent donc ils maîtrisent. Il est dommage que le corps médical souffre aussi de ces biais et accompagnent mal leurs patients. Cela fait longtemps que le serment d’Hippocrate s’est transformé en hypocrite.

La base de référence est le fameux IMC dont il ne faudrait pas soumettre les sportifs, sinon ils seraient tous au bord de mourir. Mademoiselle Navie partage un moment de sa sa vie où un médecin lui fait prendre conscience de son double. « A partir du jour où nutritionniste-psy-sauveur n°208 m’a parlé de « mon double » il m’est apparu. » (p. 34). Elle pris forme de son sosie qui est ici représenté en rouge et aussi symbole de l’hyperphagie. On comprend à la fois la tentation toujours présente et aussi la place que cela prend. Il faut porter aussi son double ce qui a un impact sur les articulations.

La culpabilité de manger est bien souvent un lourd compagnon. « Ma vie n’était qu’apparence. A l’IMC du mensonge, j’étais en mythomanie morbide. Si le diable existait. Qu’il arrivait là. Qu’il me proposait de me transformer en mince.. Contre quoi j’accepterais? La trahison d’un ami, mon âme, des souffrances insoutenables pendant une heure, ma fertitilité, mon mari…? Tout ça et bien plus…. » (p. 30). Elle ira voir de très nombreux spécialistes qui vont chacun de leurs commentaires et leur vision du monde. Rien ne fonctionne. Un jour, un beau gosse à la télévision arrive à la motiver à faire du sport. Progressivement, son corps a changé et son rapport à elle aussi, sans pour autant être fulgurant. Il y a toujours quelque chose de troublant pour se regarder dans un miroir ou une vidéo dans laquelle elle apparaît. Le trouble est profond et laisse apparaître de la dépression. Elle sait donner le change et en plus, elle n’a aucun souci de santé.

Un témoignage touchant et sincère comme on en trouve peu. Quelques éditeurs proposent plus d’entendre ces voix qui ont aussi leur place dans la société. On aimerait savoir si après le sport et la chirurgie plastique si elle se sent mieux Mademoiselle Navie. Est-ce qu’elle se considère toujours comme une grosse? Est-ce que les autres lui font comprendre sa différence? La question de savoir si l’entourage doit lui dire qu’elle a grossi et savoir si elle a besoin d’aide est originale. Pourquoi féliciter toujours dans la perte de poids et rien dans l’autre sens? Une approche assez originale qui montre que les limites de l’amitié peuvent être plus grandes. Elle n’oublie d’aborder aussi la question de la maternité et la vie de couple. Le dessin apporte beaucoup de douceur et va à l’essentiel avec du noir et rouge sans se charger de détails inutiles.

Une bd très fine et drôle sur l’obésité et le regard que l’on porte sur soi.

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