22h05 rue des Dames

Don Elemirio propose une chambre dans son manoir a un prix très intéressant. Saturnine a besoin de ce logement. Elle restera sur la défensive car elle sait que l’homme cache un terrible secret.

4e de couverture
« La colocataire est la femme idéale ! »
Ainsi parle Don Elemirio, grand d’Espagne et ermite en son immense appartement du VIIe arrondissement de Paris. Comme dans le fameux conte de Perrault, les règles de la colocation sont simples : seule une pièce est interdite, la chambre noire. Or Saturnine Puissant, doit justement trouver à se loger. Autonome, cultivée, brillante, l’héroïne, ne sait que penser du richissime original. Mais surtout que sont devenues ses huit colocataires précédentes ? Auraient-elles transgressé l’interdit ?
Saturnine devra éviter les pièges et manipuler le manipulateur.

Mon avis
Camille Benyamina décide d’adapter un roman à succès d’Amélie Nothomb : « Barbe bleue ». La bédéaste prend quelques libertés pour rendre le récit en bd plus efficace. Elle le précise en post-face de l’ouvrage. Nous rencontrons deux êtres de caractère. Don Elemirio qui aime collectionner les femmes a besoin d’une dernière colocatrice pour finir son oeuvre. Saturnine au courant que ces prédécesseuses sont toutes mortes décident de jouer de filouterie. Elle résiste aux gentillesses de son hôte. Un lien se tisse pour un jeu de chat et la souris ce qui permet des échanges pleins de piquant.

Le dessin apporte beaucoup de douceur et de merveilleux. Cela se fait dès la couverture avec l’apport de dorure brillante. L’héroïne nous regarde avec provocation. Tous les éléments que l’on va retrouver dans l’aventure sont réunis avec la robe de chambre dorée et la coupe de champagne. Il est rare de rendre tant d’hommage à la bulle. « Du Laurent Perrier cuvée Grand Siècle! Vous avez bien fait les choses » (p. 56). Et en plus, c’est consommé dans une coupe, comme dans les années 30 et non une flûte. Un élément de délicatesse parmi d’autres dans cette relation étrange qui ne peut que finir mal. On tourne les pages avec plaisir du retournement de situation assez macabre. Une lecture agréable qui donne le sourire car pour une fois, la femme ne finit victime de ses émotions.

Une revisite originale qui met de la beauté et de la douceur dans la folie humaine.