
On a tous déjà entendu parler des fake news. Donald Trump l’utilise même comme outil de propagande. L’information ne tourne plus rond et beaucoup tombent dans le complotisme.
4e de couverture
Des climatosceptiques aux platistes, des usines à clics d’Europe de l’Est aux Illuminati, des algorithmes devenus fous à Donald Trump (propagateur n°1 de « vérités » alternatives), les infox sont partout. Ludiques et pédagogiques, les autrices nous font passer dans l’envers de leurs fabrications et nous réapprennent à aiguiser notre esprit critique.

Mon avis
Le terme fake news a pris de l’ampleur avec la première élection de Donald Trump qui a une forte appétence pour ce terme. Dès que quelque chose lui déplaît, il sort ce terme. Soit on l’aime ou soit on essaie de lui nuire, pas d’autres alternatives pour lui. « C’est un signe dangereux pour la démocratie quand les dirigeants se mettent à conspuer les médias qui ne sont pas d’accord avec eux. Selon Reporters sans Frontières en 2019 : « L’hospitalité à l’encontre des journalistes, voire la haine relayée dans nombre de pays par des dirigeants politiques, a fini par susciter des passages à l’acte plus graves et plus fréquents » (p. 101).
La bd date de cette période puisqu’on ira jusqu’au fait qu’il ne soit pas réélu. Il clame la triche jusqu’à l’attaque du Capitole. On sent la force des réseaux sociaux et on comprend encore mieux pourquoi Elon est si fort. Qui détient les réseaux sociaux détient le pouvoir. « Joe Biden a été investi président mais le trumpisme est là pour rester. Ailleurs, d’autres dirigeants appliquent la même recette de propagande de populisme. » On voit sur une planète plusieurs hommes qui se tiennent la main avec Trump aux Etats-Unis, Erdogan en Turquie, Duterte aux Philippines, Modi en Inde, Poutine en Russie, Bolsonaro au Brésil et Orban en Hongrie. « Pour eux, les fake news, ce sont leurs opposants. Et la presse doit être aux ordres. » (p. 106).
On se demande comment autant de gens tombent dans le panneau et passent du côté obscur? Le cerveau est attiré par les mauvaises nouvelles, ce qui est trash, violent. Donc quand des choses horribles et improbables se passent, on les fait suivre. On génère de la visite, des clics et donc de l’argent. Le faire ensemble, ce n’est pas populaire. « Autrement dit, plus vous êtes en colère, indigné, ou triste, plus ça circule!!! La société est de plus en plus polarisé… et ça, surtout sur les réseaux sociaux. Selon une étude du MIT, qui a décortiqué le parcours de 126 000 rumeurs propagées par 3 millions de personnes, une fake news circule 6 fois plus vite qu’une vraie info. » (p. 63). Si vous vouliez une bd pour vous remonter le moral, passez votre chemin. Vous risquez plutôt d’être dépité jusqu’au bout.
La scénariste argumente en donnant des chiffres. Par contre, il est dommage de ne pas avoir forcément les sources complètes des sources soient en page de référence soit dans un dossier de fin. Dénoncer l’invention de récit contre les faits est comme il est expliqué mettre ces sources, ce qui n’est pas totalement fait ici. N’empêche que l’on peut tout de même y voir des informations pertinentes. « Selon un sondage YouGov, 16% des Américains pensent que la Terre n’est pas ronde, un taux qui va jusqu’à 34% chez les 18-24 ans! En France aussi, le virus terre-platiste se propage. L’IFOP a conduit un sondage pour la fondation Jean Jaurès, testant diverses théories complotistes. 9% des Français sont d’accord avec l’affirmation : « La Terre est peut-être plate, et pas ronde comme on nous l’enseigne à l’école ». (p. 41).
Inventer des histoires est un métier qui rapporte. Même des pays se spécialisent dans la rédaction de fake news. C’est le cas par exemple de la Macédoine du Nord. Maintenant, la Russie est dans les meilleurs dans le monde. Le choix de l’invention est assez grande. D’ailleurs, on débute avec ce que l’on appelle les truthers. « Le mot truthers vient de l’anglais truth, la vérité. Les truthers veulent absolument coller « leur » vérité sur les faits qui les dérangent » (p. 17). Quand il y a des fusillades dans des écoles ou même le 11 septembre, les truthers clâment aux mensonges. Ils disent que les familles endeuillées sont des crisis actors. C’est très violent pour les parents qui ont du enterrer leurs enfants. D’autant plus qu’ils se font harceler pour se faire accuser de mentir et leurs données personnelles sont mises en ligne. Double peine pour ces victimes de la haine et de la violence.
Le dossier sur les climatoseptiques semble plus conséquent. Ces derniers sont de plus en plus présents dans les discours dans le monde. Leur pouvoir est plus important qu’avant avec des célébrités. La journaliste n’est pas neutre dans son approche, sa prise de partie et de jugement est assez flagrante. L’ouvrage n’est pas une analyse neutre. Donc, il y a des justificatifs pour prouver sa juste approche. « En 2019, les terribles incendies en Australie ont causé la destruction de 10 millions d’hectares, l’équivalent de l’Irlande. En 2020, la Californie a été ravagée par des feux d’une ampleur sans précédent. Les changements climatiques sont déjà une réalité. Plutôt que de regarder une vérité qui dérange, il est plus facile de désigner des coupables étrangers… comme Trump l’avait fait. Ricardo Galvao, un chercheur brésilien reconnu, s’est penché sur les conséquences de la déforestation en Amazonie. 739 km2 de forêt détruits en mai 2019, soit une hausse de 34% par rapport au même mois l’année passée ou l’équivalent de deux terrains de football rasés chaque minute, puis 920 km2 en juin (+88%) et encore 1 864 km2 en juillet (+212%). Galvao a été licencié par Jair Bolsonaro, le président brésilien » (pp 110-111).
D’autres thèmes beaucoup plus proches font échos comme le vaccin contre la covid. L’obligation de soin par l’Etat interroge. « Les faits sont pourtant là : la défiance envers les vaccins a des conséquences graves. En avril 2019, l’OMS alertait sur la flambée des cas de rougeole dans le monde, avec un bond de 300% sur le premier trimestre de l’année. Dans les pays riches, c’est clairement lié à la défiance contre le vaccin à la rougeole. La rougeole a fait 140 000 morts en 2019, plus qu’en 2018 » (p. 124). Dans les préoccupations on trouve du poison, des traceurs, des outils de modifications génétiques… Le champ des possibles est assez grand. Une bd qui nous incite à la vigilance avec des méthodes pour trier le vrai du faux. Comment développer notre esprit critique en sept conseils. La neutralité n’est pas au rendez-vous ce qui n’empêche pas de faire plus attention à l’avenir. D’autant plus que l’on sait que c’est le complotisme, la haine et la violence qui dirige le monde.
Une lecture qui éveille à la vigilance sur les données et nous incite à développer notre esprit critique.
Laisser un commentaire