Fantasio a rencontré l’amour et prévoit de se marier. Donc il faut une nouvelle dynamique au sein de leur duo. Mais est-ce si facile de ne plus faire des enquêtes?

4e de couverture
Fantasio a une grande nouvelle à annoncer à Spirou : il va se marier ! Du coup, il va être beaucoup moins disponible pour partir à l’aventure aux quatre coins du monde. L’heureuse élue n’est autre que Clothilde Gallantine, la fille de la plus célèbre patronne des magazines de mode, que Fantasio a hâte de présenter à Spirou. Lors de la rencontre dans les bureaux de Mme Gallantine, un précieux collier est volé sous le nez de Spirou et Fantasio qui décident de poursuivre la voleuse. En vain : Fantasio étant trop amoureux pour être efficace. Quand Seccotine apprend la nouvelle des fiançailles de Fantasio, elle débarque chez Spirou et lui propose sa candidature pour remplacer le partenaire défaillant. Avec une collaboratrice aussi branchée, intelligente et pleine d’initiatives, Spirou va découvrir qu’une femme est une créature pleine de ressources. Et l’enquête sur la mystérieuse voleuse va rapidement progresser… et remuer des souvenirs anciens et pénibles pour Spirou. Une histoire pleine de rebondissements, d’humour et d’émotion, où Spirou va être confronté à la femme dans tous ses états : une autoritaire impératrice de la mode, une riche héritière fiancée à Fantasio, une vieille dame spoliée pendant la guerre, une voleuse qui accouche en plein vol, d’affolantes top-modèles… et même sa propre mère !

Mon avis
C’est toujours un peu troublant de lire un tome de Spirou et Fantasio repris par un nouveau scénariste. Benoît Feroumont propose une approche très différente de toutes les précédentes aventures. Déjà par l’aspect graphique avec un trait moins net et précis. Et on ne sait pas à quelle époque les choses se déroulent. La mode ressemble à celle des années 50 mais il y a internet, des téléphones portables et les femmes travaillent. C’est étrange ne pas afficher une période. Le bédéaste par contre s’amuse avec la misogynie de base que l’on trouve dans la série originale. Déjà, on retrouve Séccotine qui là ne joue pas un rôle secondaire et vole tout de même la vedette à Fantasio, mais juste auprès de Spirou.

On constate assez rapidement qu’il y a de très nombreuses femmes et de différentes tailles ainsi que de couleurs de peau. Chose qui n’est jamais arrivé précédemment. Néanmoins, elles sont presque toute jeune et mince. Deux personnages sont gros avec une fille superficielle et une policière corrompue. Le reste sont des femmes âgées qui rêvent de retrouver leur jeunesse. Le début se fait avec un bijou magique qui rajeunit. Les femmes vivent assez mal de vieillir avec des rides. On ne voit pas d’hommes vieux de toute façon.

On assiste à un échange entre Spirou et Séccotine où l’ancien groom défend bec et ongle, que les femmes sont faibles. L’échange est assez grossier et facile. C’est gentillet mais dommage de n’avoir pas fait quelque chose de plus construit et réaliste.

« – Une aventure, c’est dur et dangereux! Les femmes ça dort pas sur les rochers dans les montagnes par moins vingt!
– Moi bien, j’ai un super sac de couchage!
– Et comment tu ferais avec, les coups de poing des brutes, hein!
– Je fais du karaté!
– Les poursuites?
– Je cours vite!
– Le danger de…
– Pas peur!
– L’apreté de…?
– Suis pas une chochotte!
– Il est vraiment nul, ce Spirou! J’en reviens pas de tout de préjugés sur les filles!
– Il vient d’une autre époque! C’est très vingtième siècle, comme discours!
– Mais les femmes sont moins fortes que les hommes, quand même! » (p. 18).
Puis après, il y a un match de foot des filles contre les garçons et sans surprise, elles gagnent 3 but à 1. Trop gentil pour être vrai. Les bons sentiments parfois c’est bien de les rendre avec un peu de vraisemblance. Surtout qu’assez vite, on enchaine avec un défile de monde et Spirou se perd dans les espaces avec des femmes plus belles les unes que les autres et juste en sous-vêtements. Cela reste un peu voyeur.

L’autre chose qui étonne est l’état d’esprit des relations de couple. D’où encore la question, à quelle période tout cela se passe? Un couple va vivre ensemble car il va se marier. On est plus à l’époque de nos grand-mères, voir de nos parents. Les femmes restent vénales et superficielles. « Alors ici, c’est le dressing de Clothilde! Moi qui ne possède que quelques vestons! Elle, ce sont des montagnes de robes, de jupes, chemisiers, pantalons, soutiens-gorges de tous styles! Sur le sujet des fringues, c’est la fille de sa mère, ça c’est sûr! » (p. 48). Fantasio a demandé à la mère de Spirou de l’argent pour le mariage car sa future épouse est superficielle. Quand il lui dit ce qu’il a fait, c’est la rupture. Une dispute et c’est fini. Pourquoi? Les femmes, quelles pestes. Donc, on voulant les mettre en avant, le scénariste ne leur rend pas vraiment hommage.

Et enfin, on découvre des éléments sur la famille de Spirou. On croyait avec la jeunesse de Spirou que tout allait bien et qu’il était heureux. La maman hypersexualisée comme la maîtresse proposent un monde gentil et rassurant pour le gamin. Là, le bédéaste fait le nécessaire pour gagner son point godwin. C’est tellement dommage aussi d’aller dans le cliché, même si c’est utile de faire de la dénonciation. « Mon père est mort depuis longtemps, mais ma mère vit dans un immense manoir entre Linkebeek et Waterloo. un endroit parfait pour un mariage, ceci dit…! (…) Parce qu’elle connaît le secret de ma famille! Elle sait que mon grand-père, monsieur Van de Roode, a bâti, durant la guerre de 40, une grande fortune sur la trahison, la délation et l’usurpation de biens d’un tas de pauvres gens! » (p. 52). Incroyable comme récit.

Pour l’aspect, pourquoi porte t’il encore une tenue de groom pour un journaliste? C’est à cause de l’argent de sa famille. Il est reparti à la base à l’hôtel Mercure comme groom. Pourquoi 10 ans plus tard, il s’habille en rouge. Pour être journaliste, c’est mieux de passer inaperçu. Donc encore une incohérence dans ce tome qui a de quoi surprendre. On finit assez circonspect comme chaque album de Spirou et Fantasio. Pourquoi tant de succès avec des angles misogyne, raciste et tellement d’autres choses encore.

Un tome assez particulier qui donne envie de relire tous les Spirou et Fantasio.

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