Les exilés de Mosseheim – Tome 1 – Réfugiés nucléaires – Olivier Truc, Sylvain Runberg et Julien Carette

La vie semblait tranquille en France. Seulement, un jour une centrale nucléaire explose et toute la société est chamboulée. Le gouvernement annonce un attentat islamique seulement la réalité est toute autre.

4e de couverture
De nos jours en France, Christophe Murrat et sa famille sont originaires de Mulhouse. Deux semaines auparavant, ces citoyens français étaient concentrés sur leur quotidien et une vie sans histoire. Depuis, tout cela a disparu. Ils ont tout perdu.
Un groupe islamiste inconnu jusqu’à présent a revendiqué un attentat-suicide sur la centrale de Mosseheim, en Alsace, provoquant une catastrophe nucléaire majeure et faisant basculer cinq millions d’Européens dans le cauchemar.
Avec de nombreux exilés, la famille Murrat arrive en Suède – qui s’est montrée une superpuissance humanitaire lors de la crise syrienne – dans un des camps géants qui sont montés de toute urgence à travers l’Europe avec le soutien de l’UE.
Son nouveau quotidien : s’adapter, survivre, dans ce qui sera à terme le plus grand camp de réfugiés du continent…

Mon avis
Quand on voit le titre et la couverture, on comprend tout de suite que l’on va avoir un drame en lien avec le nucléaire. Mais l’histoire ne se déroule ni en Russie et ni au Japon. Pour une fois, cela se déroule en France. La ville a des sonorités alsaciennes. Mosseheim se rapproche de la petite ville Molsheim et surtout de Fessenheim, où il y avait une centrale nucléaire. On a déjà beaucoup d’information en un coup d’oeil.

Puis une autre source d’informations nous arrive avec le préambule des scénaristes, Olivier Truc et Sylvain Runberg. « Lorsque l’idée de ce projet naît, fin 2015, début 2016, la Suède se trouve au coeur du cyclone. La crise migratoire de 2015 la frappe de plein fouet. (…) Si un évènement dramatique poussait des centaines de milliers d’habitants de l’Union européenne dans des camps de réfugiés, comment réagiraient-ils? Comment réagirions-nous, nous Européens, blasés par la vision de ces camps de réfugiés sur des terres lointaines ou relégués dans des taudis dans certaines de nos capitales? Les valeurs démocratiques dont nous nous targuons d’être les défenseurs résisteraient-elles à l’épreuve d’un bouleversement radical? (…) Au moment où s’écrivent ces lignes, en 2023, les lois sur l’immigration se sont durcies, et la Suède est dirigée par une coalition de droite minoritaire qui dépend pour rester au pouvoir, du soutien du parlement d’une extrême droite qui n’a cessé de prospérer en prenant pour prétexte la défense des valeurs suédoises. « (p. 1). Quand on est persuadé d’avoir une stabilité politique, on peut se permettre de choisir son immigration et de clamer un racisme faussement ordinaire avec une gloire aux blancs. Mais quand la donne change, l’attitude devient tout autre.

En France, suite à manque d’entretien une centrale nucléaire explose. L’impact ne se limite à la France. Les pays limitrophes sont concernés. Dans l’urgence, les habitants sont envoyés dans des camps de rétention en Suède. La pilule a bien des difficultés à passer. Eux les braves blancs réduits à des conditions de vie comme en Afrique en période de conflits. Ils valent mieux. Pourtant, ce n’est pas le cas. Ils sont des sans abris et sans patrie. Ils ne pourront aller uniquement où on veut bien d’eux. Mais qui va payer pour eux? Ne vont-ils pas venir avec des idées dangereuses? Les braves citoyens doivent-ils payer pour ces profiteurs du système? Quand la donne change, le monde propose des discours aussi d’une grande violence et d’une grande exclusion. Les scénaristes rendent cette approche très réaliste et concrètes. Si cela devait arriver, n’y a t’il pas une grande chance que cela se déroule ainsi?

A cela se rajoute des intrigues politiques avec des enjeux de grandes ampleurs. Le gouvernement français accuse un groupe islamique d’un attentat. Cela engendre sans grande surprise une montée de racisme et d’islamophobie. Les messages très raccourcies ont la belle vie. Mais le personnel de la centrale sait ce qui s’est passé. Et ils savent que c’est un manque d’entretien et des choix d’économie de bout de ficelle qui sont responsables. Un discours impossible à tenir sur la scène politique européenne. En plus, si cela venait à se savoir, la France devrait payer les frais. Impossible. Donc il faut faire taire tous ceux qui pourrait diffuser l’information. Une infiltration est de mise et lancer une révolte est bien facile. Jouer avec l’incertitude pour faire ressortir les peurs, c’est si facile. Il monte la haine des racistes fachos allemands contre les français. La violence n’aura pas le temps d’exploser et une balle tuera un homme. De nouvelles tensions émergent et sert une cause. Tout ça à travers le quotidien d’une famille dysfonctionnelle ordinaire.

Un choix de récit très audacieux avec des sujets très tabous et sensibles. Parler à la fois de nucléaire, de racisme, de complot politique, d’islamophobie, de cellule familiale, de solidarité, d’extrémisme… Rien que le référencement fait déjà un classement dans contenu dangereux tout comme la chronique rédigée. Mais cela prouve que le 9e art ose aller n’importe où d’autant plus si cela incite à réfléchir à des situations actuelles. Le nucléaire est très présent dans le monde de la bulle, principalement au Japon et aux Etats-Unis. La France reste assez frileux sur le sujet et d’autant plus au coeur d’une catastrophe. Le dessin très réaliste rend le récit encore plus crédible. La suite se fait attendre avec impatience. La date n’a pas été encore annoncée. Croisons les doigts que cela se fasse vraiment.

Une bd qui donne à réfléchir à la société d’aujourd’hui et à celle que l’on veut demain. La haine se cultive donc peut être essayé d’éteindre le feu de la haine.

Laisser un commentaire

Bienvenue dans cette immersion dans le monde fabuleux du 9e art.