Dragon Head – Tome 2 – Minetaro Mochizuki

Un nouveau tremblement de terre secoue le Japon. Teru et Ako trouvent le moyen de s’enfuir du sous-sol. Mais le monde à la surface est bien différent.

4e de couverture
Les relations se dégradent entre Teru et Nobuo. Ce dernier sombre dans la fureur et la folie. Teru, lui, s’enfuit avec Ako alors que la terre tremble à nouveau. Ils trouvent enfin une issue qui les conduira à découvrir peu à peu ce que le monde et ses habitants sont devenus…

Mon avis
Minetaro Mochizuki se lance dans « Dragon Head » entre 1995 et 2000 dans « Young Magazine » de Kodansha. Ce qui donne naissance à 10 tomes compilé par la suite par Pika Graphic dans des éditions de luxe. C’est le premier du manga du mangaka a arrivé en France. Le succès est au rendez-vous avec le prix Kodansha en 1997 et le « Prix de l’excellence » du prix culturel Tezuka en 2000. Il faut partie des mangas phares à lire au même titre que certains titres de Tezuka. Le sujet et son graphisme ne nous laissent pas indemne. Il y a une forme de violence traduite par le dessin. Le choix des illustrations des couvertures retranscrit cet état étrange, tendu et mystérieux. Un train déraille, trois survivants et un perd la tête. Seuls deux arrivent à s’en sortir et quand ils remontent à la surface, une catastrophe a tout ravagé.

Teru semble être un gamin assez banal, ordinaire tout comme Ako. Ils vont devoir sortir de leur zone de confort. On ne leur a jamais appris à survivre en cas de catastrophe naturelle. Très vite, ils vont devoir s’adapter encore et encore. Les choses s’accélèrent de façon considérable. Car en sortant du tunnel, ils ne s’attendaient pas à voir l’obscurité en pleine journée et tout cette poussière. Une usine de traitement des eaux sert de premier refuge. Surtout qu’ils rencontrent d’autres adolescents dans la même situation qu’eux. Sauf qu’ils semblent plus affecté par une forme de folie. Ils créent des rites pour donner du sens à l’insensé. Personne ne sait rien. Qui est encore vivant? Un avenir est-il possible? Ils se préoccupent par le plus important à court terme : survivre.

Notre duo décide de se rendre à Tokyo pour voir ce qui s’y déroule. Avec un masque et une carte, ils tentent le voyage. Sans surprise, les choses ne se déroulent pas comme prévu. Ils tombent sur les forces d’auto-défense. Et comme il n’y a plus de cadre et de règles, ils se croient tout permis. Alors l’idée de violer une fille est tout à fait normal. Pour ça, leur chef n’hésite pas à frapper à la limite de la mort Teru. Faut-il comprendre que l’homme est un violeur ordinaire si l’on ne pose de limite? Et même quand on en pose, dans des sociétés évolués, une grande partie se prend le droit d’abuser de l’autre. Le viol était aussi abordé dans le premier tome. C’est toujours d’une grande violence. D’autant plus que les personnages ont des visages déformés par leur perversion.

Pour défendre son ami, Teru accepte une partie de sombre en lui-même qui le mène à la folie. Il brûle la ville où il se situe. D’où viennent ces bombes incendiaires? Ako arrive à trouver l’hélicopère et pour retrouver son compagnon, elle dépasse ses peurs. Elle prend une arme à feu et menace le conducteur de l’hélicoptère et le gros pervers cinglé. En s’enfuyant en hélicoptère, la déception est de mise car les paysages ensevelis n’arrêtent pas de succéder. On voit même une ligne de faille. Est-ce du alors à une catastrophe naturelle?

Minetaro Mochizuki continue à cultiver le mystère sur ce qui est arrivé. Il laisse le lecteur imaginé le pire. Big One? Attaque nucléaire? Kaiju? Attaque extraterrestre? On a aucun indice. Et c’est assez audacieux car après deux tomes, on n’en sait rien. On se concentre sur les deux héros qui accumulent encore et encore les ennuis. Quand tout s’écroule ne reste t’il que la folie? la violence? la cruauté? le meurtre? L’espoir n’a pas sa place dans la désolation. Pourquoi la solidarité et la coopération devraient être le parent pauvre de l’instinct humain? Le mangaka a beaucoup travaillé l’aspect psychologique des personnages. Ainsi il nous tient par les émotions car on s’attache à ces amis d’infortune. Une issue positive est-elle possible? Peut-on tout reconstruire en partant de zéro? On est sensibilisé aussi au rôle de la nature. Sans elle que vaut l’Homme? Impossible de ne pas se poser de très nombreuses questions. On n’est pas sorti indemne de cette lecture. On veut poursuivre pour savoir ce que la suite va nous réserver. Jusqu’où va aller le mangaka?

Une lecture singulière, profonde et légèrement traumatisante. La violence de l’univers graphique correspond à la violence du récit. Impossible de s’arrêter en si bon chemin.

L’avis des Blablas de Tachan : « J’ai beaucoup aimé la dynamique de ce tome, entre découverte tâtonnante de la surface, recherche de survivant et de quoi survivre, réalisation d’un monde dévasté, rencontre d’autres individus. Tout est parfaitement calibré pour nous entraîner peu à peu sur la route aux côtés des deux héros. Malgré leur apparente fragilité, ceux-ci sont d’ailleurs bien plus solides que prévus l’un et l’autre. « 

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