Se rétablir – Tome 1 – Lisa Mandel

Il n’est pas toujours facile de se sentir bien dans ces baskets. La difficulté par la suite repose sur trouver la personne qui saura aider. L’enfermement et la grande prise de médicament ne sont pas toujours la solution.

4e de couverture
La santé mentale, tout le monde en a une et parfois, elle nous joue des tours.
Le rétablissement est le concept selon lequel on peut mener une existence heureuse et épanouie avec un trouble psychique. On y apprend que se rétablir n’est pas guérir, c’est vivre avec.
Se rétablir, c’est aussi le travail d’une vie : (re)connaître son trouble, le comprendre, l’apprivoiser, trouver du soutien, retrouver son pouvoir décisionnaire…
Ce livre recueille avec humour les témoignages de personnes directement concernées. Qu’elles soient entendeuses de voix comme Romain, bipolaires comme Chloé ou atteintes de TDAH à l’instar de Jonathan, chacune nous prouve que nous ne sommes pas uniquement définis par nos neurodivergences, et qu’avec un accompagnement adapté, il est possible de s’en sortir.

Mon avis
Lisa Mandel n’est pas à sa première bd relative à la santé mentale. Après « HP », elle propose une nouvelle approche de ce que l’on appelle trop vite la folie. Le rapport aux maladies mentales a évolué et le rapport aux malades aussi. Toutefois, ce n’est pas le cas partout et ni auprès de l’ensemble des professionnels de la santé. C’est pour cela qu’il est si difficile de trouver un médecin qui sache écouter, qui n’a pas trop d’aprioris, qui a du temps pour les patients et qu’il se forme de façon continue. Cela commence à faire beaucoup de critères pour espérer avoir des réponses concrètes pour se sentir bien dans un monde complexe.

Lisa Mandel invite le lecteur a rencontré plusieurs personnes réelles qui ont différents troubles psychiques. Elle souligne très bien l’errance médicale, leurs diagnostics, leurs parcours de vie et ce qui a été évoqué précédemment. On comprend très bien les troubles qui changent le rapport au monde et aux autres. Les personnes viennent à identifier que ce qui se passent n’est pas normal et qu’il faut trouver des réponses. Le parcours de santé n’est pas du tout linéaire. Puis il y a la question du rétablissement et non la guérison. Elle est soumise à des aléas pouvant être aussi bien de courtes ou longues durées. Cela n’empêche pas de pouvoir vivre sa vie. Les médecins doivent aussi ne plus confondre maladie et individu. « – De toute façon, la maladie, ça fait partie de leur personnalité. – C’est pas possible d’entendre des conneries pareilles! La maladie, ça n’a jamais fait partie de la personnalité de quelqu’un! La maladie, c’est la maladie, point barre! » (p. 89). Un fait qui est nécessaire d’intégré.

La bédéaste apporte aussi un éclairage sur la notion de travailleur pair. « L’origine du travailleur pair en psychiatrie. L’histoire commence en 1771 à l’hôpital Bicêtre. L’hôpital est un ancien château transformé en hospice pour soldats en 1656. Et puis il devient un hôpital spécialisé dans l’accueil des « indésirables ». (…) C’est dans ce contexte qu’en 1771, le tanneur Jean-Baptiste Pussin y est admis. (…) Au départ hospitalisé à l’Hôtel-Dieu, Pussin atterrit en tant qu’infirme à Bicêtre et y reste des années » (p. 65-66). Comme il s’ennuie, il apprend à travers les livres. Son érudition devient connu dans l’hôpital et forme les enfants hospitalisés. Quand il reconnu guéri, il souhaite rester sur place. On lui donne le titre de « gouverneur des fous », l’équivalent des surveillants. Il propose une nouvelle approche avec les malades et commence à les détacher. « On pourrait faire preuve d’un peu d’HUMANITE à l’égard des patients » (p. 68). Une approche très innovante pour l’époque et qui le reste encore de nos jours. « Mais je suis aussi le premier à considérer les patients comme des experts d’expérience. » (p. 69). A partir de là est apparu un nouveau métier. Des personnes concernés qui sont sortir de la période la plus difficile pour aider d’autres. Une relation plus saine et moins dans le jugement se déploie.

Une bande dessinée audacieuse et pleine de pédagogie à mettre entre toutes les mains. Il n’est jamais trop tard pour changer son regard sur la santé mentale.

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