Histoire de France au féminin – Blanche Sabbah et Sandrine Mirza

On pourrait croire que les femmes n’ont jamais été présente dans l’Histoire. Leur absence n’est pas une réalité. Par contre, la volonté de les effacer est bien réelle. Blanche Sabbah et Sandrine Mirza proposent un nouveau regard.

4e de couverture
Les femmes qui ont marqué notre histoire ? Jeanne d’Arc, Olympe de Gouges, Simone Veil, quelques autres… et c’est à peu près tout. Vraiment ? L’Histoire officielle, établie par les hommes, donne l’impression qu’à part quelques seconds rôles d’exception, les femmes n’ont fait que de la figuration. Il est temps de rétablir la vérité car, à toutes les époques, les femmes, connues ou anonymes, ont été bien présentes : elles ont agi, travaillé, créé, résisté, combattu pour leurs droits mais aussi pour leur pays ! Et les rendre enfin visibles, c’est proposer un récit augmenté de notre histoire, permettant de donner une représentation plus complète de la réalité,  étape indispensable dans la longue lutte pour l’égalité entre les hommes et les femmes.

Mon avis
Réécrire l’Histoire de France, voilà un défi de taille. Blanche Sabbah a fait sa place dans le neuvième art en étant une bédéaste engagée. D’une part avec ces affiches, ces cartes et ces autocollants où l’on prône l’égalité, l’équité et le respect des autres. Et d’autre part ces deux publications « Mythes & meufs » et « Nos mutineries » qui ne sont pas passées inaperçues. Cette fois-ci, elle passe à un niveau supérieur pour passer à l’Histoire de France. Du côté récit, on trouve une historienne, Sandrine Mirza.

Certaines personnes disent qu’il n’y a pas toute l’Histoire, qu’il y a des préférences plus complètes que d’autres ou qu’il n’y a pas assez de portraits. N’oublions pas qu’il ne s’agit pas d’une publication pour l’éducation nationale ou pour référence dans la recherche. L’intention est de proposer une autre mise en récit et une autre mise en imaginaire. Par conséquent, les règles changent et on fait ce que l’on veut. On ne s’étonne pas de la préférence de la périodes comme la Révolution Française. Il faut dire que la presse est en plein essor ce qui permet également de laisser plus de trace.

On se laisse porter par les échanges entre la grand-mère et les deux adolescents qui lui posent de nombreuses questions. Ils sont choqués par bien des informations car le traitement entre les femmes et les hommes sont très différents. L’historienne n’explique pas de façon directe que c’est à cause du patriarcat et de la volonté des hommes à garder absolument le pouvoir. Ils laissent volontiers les tâches considérées comme inférieures ou inintéressantes à ces dernières pour vivre dans le confort tout de même. Quelques noms sortent du lot comme l’hôpital Necker porte le nom de la femme qui l’a fondé, Suzanne Necker, ou encore que Madame Clicquot a dirigé seule d’une main de maître l’entreprise de champagne du même nom pour les peu connus. Pour les Jeanne d’Arc, Anne de Bretagne ou Louise Michel, elles ont pu passer au stade d’icône. Elles sont toutes mises dans un contexte historique précis et fiable. On voit ainsi le choix fait par les institutions dans la formation des enfants. L’Histoire officielle commence à ne plus être écrite par des hommes pour des hommes. Par conséquent, quand les femmes arrivent, elles analysent les choses autrement et les biais cognitifs deviennent très visibles.

L’avantage est que l’ouvrage s’adresse au grand public. Les adolescentes vont adorer aussi la bd car cela va leur confirmer qu’elles peuvent faire ce qu’elles veulent. Leur objectif de vie n’est pas obligé de se réduire à être maman et de rester à la maison. Un homme de 76 ans de mon entourage l’a lu et a dit : « un livre d’utilité publique ». C’est lourd de sens puisqu’il lit plus des trucs très classiques et tient régulièrement des propos misogynes. La pédagogie est de mise sans culpabilisation et sans jugement. En plus, il y a des sources en fin d’ouvrages pour aller plus loin. En points négatifs, il y a de nombreuses fautes d’orthographes, ce qui est étonnant. Et aussi parfois, la police choisie rend la lecture plus difficile et moins fluide. Tout ne peut être parfait.

Une bande dessinée d’une grande nécessité pour voir que l’Histoire ne repose pas que sur des grands hommes. Le service trois pièces ne fait pas tout.

Histoire de France au féminin

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