
On pourra croire qu’il n’y a pas beaucoup de façon de raconter des histoires. En effet, à force des bd qui se ressemblent, on peut se poser des questions. L’Oupabo est là pour bouleverser les certitudes.
4e de couverture
Cet OuPus 2 de l’Ouvroir de Bande Dessinée Potentielle propose de nombreuses applications aux diverses contraintes définies six ans auparavant dans l’OuPus 1 (ainsi que quelques nouvelles).À ces exercices s’ajoutent les résultats de plusieurs performances collectives effectuées en public. L’OuBaPo (François Ayroles, Anne Baraou, Gilles Ciment, Jochen Gerner, Thierry Groensteen, Killoffer, Étienne Lécroart, Jean-Christophe Menu, Lewis Trondheim) invite dans cet OuPus Denis Bourdaud, Philippe Coudray, Emmanuel Guibert, Mattt Konture, Axel Renaux, Vincent Sardon, Joann Sfar, Tanitoc, Thiriet… tout en se référant à de nombreux classiques.

Mon avis
Si vous connaissez l’Oulipo, l’Oupabo, c’est pareil mais dans le monde de la bd. Quand on regarde la grande majorité des publications, on a l’impression que tout est assez similaire. Une bande de créatifs a décidé de jouer avec les codes de leur art. Alors ils s’imposent des règles pour proposer des récits atypiques. De toute façon, tout est expliqué dans l’avant-propos. « On trouvera donc plutôt ici une somme d’exercices et d’applications aux contraintes préalablement définies par l’OuBaPo, réalisés durant les six ans qui ont suivi l’OuPus 1, que nous reclassons ici selon le BCG (Bouquet de Contraintes de Groensteen). L’OuPus 2 contient en outre les résultats de performances collectives effectuées en public, en 1998 et 1999. Bien sûr, concernant Les Vacances de l’OuBaPo, publiées par le quotidien Libération durant l’été 2000 » (p. 6).

On apprécie à tourner les pages pour voir la force de l’imagination pour créer des contraintes. Par exemple, « Jocher Gerner a entrepris de réduire les albums de Tintin d’Hergé en strips courts et fort peu dialogué. » (p. 86). C’est assez drôle de voir comment le récit est résumé et comme quoi, c’est assez pauvre au final ces bd. Et en plus, on s’approprier l’exercice pour faire entre amis ou avec des enfants. Comment résumer 46 pages en 3/4 cases? Cela permet de savoir ce qui nous reste en mémoire une fois la lecture terminée. Comme autre exercice, il y a le détournement d’un règlement intérieur, ici c’est celui de la BPI. Mais on peut le faire avec celui de son entreprise par exemple pour jouer avec les non-dits par exemple ou ce qui manque. Il n’est pas obligatoire d’avoir beaucoup de cases ou de contenu.
Il y a le fait de reproduire une image plusieurs fois, presque de façon identique. « L’application de Jean-Christophe Menu (Scénario) et Killoffer (Dessin) est simple : traiter dans l’ordre chaque point du Règlement Intérieur de la BPI, chacun en deux cases, et le tout basé sur l’Itération, notamment de la seconde case. » (p. 121). Et il y aussi un panneau avec des interdictions qui se nomme « Extrapolation Textuelle et Graphique ». Il se présente : « Pour cette dernière Application, Lewis Trondheim a réalisé, à la façon de panneaux, quinze pictogrammes qui correspondaient chacun à une interdiction du Règlement de la BPI. Puis Anne Baraou a puisé dans ces images pour en tirer trois récits. » (p. 126). Les pictogrammes sont assez lisibles et compréhensibles par tous. Ainsi si on veut faire un atelier en entreprise ou à l’école, on peut demander aux participants d’en créer, d’en dérouter ou de transformer l’existant. Toutes ces propositions sont très intéressantes et nous inciter à penser autrement les choses.
Une bande dessinée originale et audacieuse qui montre qu’innover et remettre en questions les choses qui nous entoure.
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