Faisons corps – Maif social Club

Le corps est omniprésent dans la société. Il raconte quelque chose de tout à chacun et sur la société. La Maif Social Club invite 14 artistes contemporains pour proposer un autre regard.

Mesurer nos forces
Roxane Andrès propose une écorchée. 90% des écorchés sont des hommes donc cela génère un imaginaire lié encore à la masculinité. La plasticienne utilise une pratique dite féminine avec le tufting. Plusieurs parties du corps sont mobiles. On peut monter sur le meuble d’exposition pour soulever des morceaux. C’est assez rare que l’on puisse toucher une oeuvre et aussi voir les choses autrement. On découvre d’une part une face d’un morceau est une tapisserie. Et d’autre part, le corps révèle une vérité différente, générée par une IA. Ce qui surprend globalement repose sur les couleurs chaleureuses et l’aspect réconfortant.

Stéphanie Marin met à disposition des chaises dans son oeuvre « sChaises ». Elle invite le spectateur à reproduire une chorégraphie de bureau. On a l’impression de grande facilité. Toutefois, cela demande beaucoup de technique. Les rires ne manquent pas à cet endroit. Les chaises avec des grands élastiques intriguent aussi beaucoup. Elles se vendent à l’unité et sont étudiés pour un grand confort. L’artiste nous pousse à réfléchir à cette notion de bonne santé et du corps performant.

Nicolas Guiet invite le spectateur à voir autrement le fameux Modulor du Corbusier. Un outil qui permet d’évaluer les tailles parfaites. En changeant la taille et en jouant avec les couleurs, bleu et rose, l’objet prend un autre sens. Les enfants ont envie de monter dessus. On veut faire le tour pour trouver l’utilité de l’objet. Le rose symbolise la souplesse et le bleu la rigueur.

Identifier d’où nous parlons
Elisabeth Daynès s’intéresse au temps qui passe et l’Homme par rapport à lui-même. Elle qualifie son travail de paléoart. Quand on découvre son travail, cela prend tout son sens. « Curieux » ne laisse personne insensible. La sculpture hyperréaliste d’un homme qui existe vraiment trouble. Beaucoup de visiteur attendent qu’ils partent pour regarder ce qu’il observe. Ils s’impatientent et lui ne bouge pas. La surprise est toujours de taille. On observe aussi l’autre création lenticulaire qui représente un crâne d’une femme qui a entre 19 et 25 ans qui date de 25 000 ans. Les deux se renvoient à notre humanité.

Dans un autre registre, la sculptrice Andrea Scholze propose un monstre. Il fait souvent peur et interpelle. On ne peut pas le catégorisé comme personne à part comme étrange et étranger. La différence inquiète car elle renvoie à nos incertitudes du monde. La sculpture semble lourde alors qu’elle est en argile et en mousse. A certains endroits, on perçoit des paillettes.

Myriam Mechita évoque les femmes contraintes jusqu’à l’éclatement. Sa création se compose de plusieurs morceaux. Un dessin au crayon où l’on voit une femme dans une posture très improbables et douloureuses. L’expression se plier en quatre prend tout son sens. La femme possède les carcans de cette féminité étouffante avec des talons hauts, la minceur et des bijoux. Tout autour se trouver des morceaux lourds de sens.

Se mettre en mouvement
Une zone de couleurs illumine l’espace avec 3 600 rubans. Jacob Dahlgren propose de traverser cette forêt comme une expérience. Les adultes hésitent à passer comme si c’était dangereux. Les enfants foncent tête baissé.

Dans une vitrine un peu caché on découvre une prothèse de jambe. La designeuse Sophie de Oliveira Barata sublime des morceaux de corps afin que les individus se réapproprient leur corps. A la fin de l’exposition, la prothèse de jambe, financée en partie par la Maif Social Club, sera portée par Victoria. Malgré une impression de lourdeur, l’objet ne pèse que trois kilos. Une jambe de femme pèse 26 kg.

L’oeuvre qui intrigue le plus est celle de Daisy Collingridge. Elle aussi propose des écorchés à l’aspect moelleux. Le corps n’est pas fidèlement reproduit. L’artiste représente ces parents, Burt et Hillary. Elle a voulu retraduire la sensation rassurante qu’elle ressent lorsqu’elle les prend dans ces bras.

Agir de tous nos corps
Scenocosme propose une expérience humaine. Nous sommes face à un socle sur lequel se trouve une boule. Le mode d’emploi est expliqué. C’est lorsqu’on est en contact les uns avec les autres, des sons et lumières se produisent. A chaque fois, c’est une expérience différente. Cet aspect participatif incite les gens à se rapprocher sans crainte.

Arnaud Adami propose un tableau au trait assez classique et un cadre doré. Cet aspect lui donne un côté officiel. Seulement, on voit un livreur Uber sur un cheval. On ne voit pas son visage, mais on connaît l’identité de Mani. Il a témoigné de ces conditions de travail. Auparavant, il travaillait dans un centre équestre, d’où le cheval. Le mur est disgracieux et représente une zone de Londres où il fait les livraisons. Ces métiers de l’invisible sont cantonnés à des zones géographiques et ce n’est pas ceux des beaux quartiers.

Barthélémy Toguo lui travaille sur des tampons géants. Il aborde les corps déconsidérés des personnes en situation d’exil. Ces individus que l’on ne veut pas voir, que l’on ne veut pas entendre. Lui les met en avant avec ces tampons qui symbolise la visibilité et aussi ce qui leur permet d’avoir une identité.

Dans un autre style, Ed Hall propose des bannières tissus. Elles montrent la créativité la réalisation des bannières que pour aller défiler. C’est une représentation des luttes et de la force du collectif.

Caché dans l’espace café, Laurent Perbos nous invite à rejoindre la piste de danse. Il a pris un ballon de basket sur lequel il a collé des facettes. Une fois accroché au plafond, l’objet est détourné.

Une exposition curieuse, passionnante et enrichissante. Les arts vivants peuvent aussi enrichir nos imaginaires et nous inciter à vivre des expériences.

La Maif Social Club
37 rue de Turenne – 75003 Paris
Jusqu’au 4 janvier 2025

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Bienvenue dans cette immersion dans le monde fabuleux du 9e art.