
Après avoir été abusé sexuellement, il est difficile de reprendre sa vie comme avant. Des femmes décident de prendre leur peur en main. Elles s’inscrivent à un atelier d’escrime thérapeutique pour changer.
4e de couverture
Lucie dort un couteau à la main. La crainte l’habite, les hommes l’effraient, la méfiance la gagne jusqu’à son fils. Tamara, elle, se bat, se débat : pour ne plus être victime, elle s’oublie dans tous les excès. Quant à Nicole, c’est l’isolement. Elle s’efface, disparaît pour ne plus être visée. Les trois ont été victimes de violences sexuelles. En réaction, elles s’inscrivent dans un atelier d’escrime thérapeutique. Un programme d’un an pour se libérer et reprendre la maîtrise de sa vie.

Mon avis
Quand on regarde la couverture, on voit bien qu’il n’est pas juste question d’escrime. Une jeune femme nous adresse un regard déterminée. En quatrième de couverture, on lit : « Je ne veux pas être forte. Je ne veux pas être courageuse. Je veux retrouver ma légèreté ». On sait que l’on va aborder une histoire sensible. Pas besoin de lire plus pour ouvrir la bande dessinée. On retrouve la femme de la couverture, Lucie. Sans aucun texte, on l’a suit prendre un couteau et le mettre sous son oreiller. La peur est bien présente. Elle fait de son mieux pour élever son fils. Porter plainte contre son ancien partenaire? Elle n’est pas encore prête et puis son fils à besoin d’un papa. Il est difficile d’avancer chaque jour. Surtout que sa famille n’est pas vraiment d’un grand soutien. Elle se rend à cours d’escrime pour femmes victimes d’agressions sexuelles. On rencontre Tamara, abusée par son grand frère majeur lorsqu’elle était mineure. C’est quand elle en a parlé à sa mère que les choses se sont arrêtées. Elle tente d’oublier en faisant trop la fête. Elle cherche sans cesse à dépasser ces limites et oublier. Et enfin, Nicole, une femme plus âgée qui a été agressée par des garçons de son lycée. Elle tente d’être invisible malgré son surpoids. Progressivement, elles vont se rapprocher, se confier et être solidaire. Elles se transmettent de la force pour avancer et prendre un peu plus confiance.

Quentin Zuttion retranscrit bien cette évolution des mentalités aussi bien à travers son récit écrit, que la construction de l’histoire que ces dessins. Il propose une création complète où tout est fait pour nous attacher à ces femmes. Certaines images sont marquantes. Par exemple, on voit Nicole en tenue d’escrime s’affirmer avec une épée en main. Petit à petit sa tenue s’envole pour la montrer nue, comme elle est vraiment. Une double page montre Lucie lâcher prise lors de l’entrainement exprimant toute sa rancoeur. C’est incroyable l’émotion que l’on transcrire sur une double page sans case et sans bulle. L’aspect thérapeutique se dévoile avec l’apprentissage à manier l’épée, à toucher, à esquiver et à engager. Une thérapeute spécialisée était présente. Une façon très pédagogique sans voyeurisme de parler de viol. Et aussi d’expliquer que cela peut se produire partout aussi bien dans le cadre scolaire, dans le cadre familiale que dans la rue par des inconnus. Le mal/mâle est partout. Les coupables continuent en général à vivre tranquillement, comme si ce qu’ils avaient fait était normal. Par contre, les victimes doivent elles se rebâtir sur des bases stables.
Petit point négatif, pour pinailler, il aurait été intéressant de savoir comment ces femmes ont entendu parlé de cette atelier d’escrime et qui les a inscrite. Est-ce des psy? des associations d’aides aux femmes victimes de violence? N’est-ce pas très difficile de s’inscrire pour faire face à sa souffrance? Avoir aussi cette aspect aurait permis de porter un regard avec encore plus d’empathie. La mise en couleur avec l’aquarelle favorise cette approche touchante qui ne peut nous laisser insensible.
Une bande dessinée touchante qui parle de violence, d’amitié et de reconstruction.
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