22h05 rue des Dames

Nora est une petite fille capricieuse, boudeuse et naïve. Ces parents la déposent chez son oncle vivant à la campagne afin de pouvoir organiser tranquillement leur déménagement. Un court séjour qui l’a confronte à de nombreuses interrogations.

Nora est laissée chez son oncle le temps que ces parents finissent le déménagement. Par conséquent, elle bougonne car les choses ne se passent pas comme elle veut. La ferme est grande et il n’y a pas grande chose pour s’occuper. Comme compagnie, il y a une chatte qui attend des petits et la voisine, Mme Jeanne, seule et âgée. Les journées vont très vite devenir aventureuses lorsqu’elle trouve un arbre majestueux dans lequel elle peut rentrer grâce à un creux dans le tronc. C’est dans ce petit espace qu’elle va s’installer et espionner la voisine qui est toute seule. Cette mamie l’intrigue car elle est toujours seule. D’ailleurs, elle va interroger son tonton pour savoir pourquoi. Simplement, son oncle répond que cette une vieille fille. Nora ne comprend pas ce terme. Il faut lui expliquer simplement. C’est une femme qui n’a pas rencontré son amoureux et qui est restée toute sa vie toute seule.

– Avant d’être dans le ventre? Et ben… On est… On est dans l’Amour. – La Moure? C’est où ?

Elle prend peur, car cela veut dire qu’elle aussi elle risque de ne pas trouver d’amoureux. Pour mieux comprendre ce qui l’entoure, elle va poser des questions comme où est-ce que l’on est avant de naître ou est-ce que l’on peut naître directement à 4 ans ? A partir de là, son imagination va prendre le dessus. Elle va rencontrer l’esprit qui aurait dû être l’amoureux de la mamie mais comment le rendre réel ? Voilà, que la grand-mère meure. Comment comprendre cela ? Où est-ce que l’esprit alors peut la rejoindre ? Beaucoup de questions qui ne trouveront pas de réponses puisque ces parents sont de retour et elle doit repartir.

Léa Mazé a su bien utiliser l’innocence des enfants et cette curiosité à vouloir comprendre dans sa bande dessinée. La petite fille espiègle n’aime pas écouter les ordres et apprécie la liberté d’agir et d’imaginer. Elle rend bien la difficulté de l’adulte à répondre aux questions d’enfants de façon claire et compréhensible. Alors ils imaginent n’importe quoi pour dire une chose qui s’explique. Il est dommage d’aller dans le sens d’un conformisme normatif. Pourquoi il faudrait qu’un couple devrait obligatoirement être une femme et un homme? Pourquoi les gens devraient rester toute leur vie ensemble? Pourquoi une personne ne pourrait pas être heureuse seule? Pourquoi ne devrait aimer qu’une seule et unique personne? Pourquoi choisir l’idée que si on est seule c’est l’élu (mâle) de notre coeur n’est pas né ou mort? C’est très réducteur et limitatif. Tout comme le fait qu’il faut se marier, vivre à deux, avoir des enfants et que c’est ça le bonheur. L’approche m’a dérangé. Le reste des sujets comme la guerre, la mort, la grossesse… sont aussi abordées de façon légère. C’est dommage.

Une bande dessinée étrange qui repose sur des clichés conservateurs et le fait de mentir aux enfants.