
Bien qu’elle excelle dans son travail, Eva décide de prendre un nouveau départ. Une opportunité en or s’offre à elle qui combine connaissance technique, technologique et grand air. Une mission seule qui s’annonce plus complexe que prévue.
4e de couverture
Eva, ancienne ingénieure, s’engage dans une mission sur une île déserte de l’océan Pacifique, sur laquelle elle a pour but de réparer une station météorologique.
Profitant de ce retour à la nature loin de la ville pour se ressourcer, elle découvre avec émerveillement cette nature sauvage en compagnie de sa chienne Puce, à travers la pêche, la chasse et ses travaux quotidiens.
L’apparition au large d’une équipe maritime venue prélever des minerais rares, saccageant au passage les profondeurs de l’océan au nom de la transition écologique, va cependant mettre en péril l’équilibre de ce coin de paradis.
Seule et isolée, Eva tentera par tous les moyens d’empêcher ce désastre écologique pour préserver son havre de paix.

Mon avis
Quand on admire la couverture, on s’attend à une bd sur la richesse des fonds marins. Mais le récit est tout autre. On rencontre Eva, une femme payée au même tarif qu’un homme. Elle se démarque par son savoir-faire et son savoir-être. Le départ est impératif et le projet semble très intéressant. Gérer une station météo sur une île à l’autre bout du monde est un projet des plus audacieux. Sur place, elle est seule avec un chien ainsi que deux poules. S’adapter est bien difficile. Les choses empirent avec la présence d’un bateau qui recherche des matériaux rares dans les fonds de mer. Pour les trouver, ils sont prêts à détruire tout ce qui l’entoure. Elle arrive à prendre des photographies de tous les ravages provoqués et les diffusent en ligne.

La première chose qui nous marque est l’aspect graphique. La nature est sublimement représentée. Elle est verdoyante, luxuriante, généreuse… On se retrouve immergé dans un environnement d’une grande diversité qui arrive à trouver un équilibre. Une humaine là-dedans se fait assez bien à son environnement bien qu’il soit assez compliqué de s’adapter. Sa place est précaire. Elle n’est pas rémunérée, elle a du apporter sa nourriture et a juste un téléphone pour communiquer avec l’hexagone. Léonard Chemineau évoque l’hypocrisie des politiques qui disent un peu d’un côté qu’il faut protéger un espace et de l’autre subventionne des recherches privées. La technologie permet d’identifier de nouvelles ressources pour produire encore plus d’objets de consommation à courte vie. La puissance de l’argent prend le dessus sur tout. Le lobby est plus fort que tout d’autant plus que tous les puissants y gagnent. Si on détruit la nature, qui est-ce que cela dérange au final? Est-ce que les consommateurs sont plus dans l’attente d’avoir le dernier téléphone portable ou que l’on assassine une zone pleine de ressources? Qui détermine ce qui est important, éthique et nécessaire?

L’engagement est sincère. On se demande s’il n’y a pas d’exagération dans les rebondissements. Où si parfois il ne fallait pas aller plus loin et assumer des partis pris. L’hypocrisie organisationnelle est vraiment là. Le lecteur ne peut que se sentir concerné, bouleversé, touché… Néanmoins, il reste avec ce sentiment d’injustice. Bien qu’au final, on trouve un happy end car les méchants sont éloignés. Et il s’inquiète pour la santé mentale d’Eva, vivre des années seule avec son chien, n’est guère recommandée. Sinon on félicite le bédéaste pour son parti pris avec une volonté dans l’intégralité de la publication. Papier avec des fibres recyclés, encres végétales sans alcool, imprimeur qui suit la norme ISO14001, les exemplaires abîmés lors des livraisons sont réparés et remis dans le circuit…Une démarche complète assez rare surtout de la part du créateur.
Une bande dessinée engagée qui parle de l’exploitation de l’océan pour l’argent à tout prix.

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