Vinland Saga – Tome 27 – Makoto Yukimura

La tranquillité n’est pas de mise au Vinland. Tous les habitants de l’autre colonie ont disparu. Faut-il en conclure que les indiens les ont tous tués?

4e de couverture
Depuis qu’Askeladd, un chef de guerre fourbe et sans honneur, a tué son père lorsqu’il était enfant, Thorfinn le suit partout dans le but de se venger. Mais bien qu’il soit devenu un guerrier redoutable, il ne parvient toujours pas à vaincre son ennemi. Au fil des ans, enchaînant missions périlleuses et combats afin d’obtenir des duels contre l’homme qu’il hait plus que tout, le gentil Thorfinn est devenu froid et solitaire, prisonnier de son passé et incapable d’aller de l’avant. Jusqu’à ce que la vie le force à regarder le Monde différemment…

Mon avis
C’est toujours une aventure de lire « Vinland Saga ». Makoto Yujimura ne se moque jamais de ces lecteurs. Il faut toujours en sorte qu’ils en aient pour leur argent. Une fois que nous sommes plongés dans la première page, on ne peut pas le quitter avant d’arriver à la fin. Donc attention à la lecture dans le métro, car vous risquez d’oublier de descendre. Surtout qu’après une période de tranquillité, la peur commence à s’insinuer. Le bateau qui fait le lien du commerce a reçu des flèches indiennes. Par conséquent, un voyage de repérage s’impose. Les habitants de l’autre colonie ont totalement disparu et les indiens aussi. Ces derniers les ont-il tuer? Faut-il se méfier des indiens avec qui l’on est en paix? Actuellement, il ne se passe rien d’hostile. Mais n’est-ce pas le meilleur moyen pour attaquer de façon pernicieuse l’ennemi par la suite? L’argument fait mouche et ceux qui veulent suivre Ivar sont nombreux. Pour se protéger de l’autre, il faut construire un mur d’enceinte et avoir des armes. Qui risque de devenir l’agresseur de l’autre?

Thorfinn rêvant d’un monde en paix à bien des difficultés à lutter contre l’idée de guerre. Il connaît que trop les conséquences de cette orientation. La peur est plus forte que la raison. Surtout qu’on ignore les raisons de la disparition de leurs familles. Le chef cherche par tous les moyens de trouver un terrain d’entente. Il y a un moyen de vivre ensemble malgré des modes de vie différentes. D’autant plus, qu’ils ne sont pas obligés de détruire toute la nature pour survivre. Dans les deux camps, il y a des partisans de la haine. Le goût du sang a toujours des partisans. Même si un peu de tranquillité est revenue avec la mobilité des indiens. La solution n’est pas trouvée. Hilde refuse de rester sans rien faire. Elle aussi connaît la souffrance inhérente à la violence. Elle va piéger ces quelques individus rebelles pour les tuer. Thorfinn s’oppose. Est-ce que cela suffira?

Une façon pleine d’intelligence pour parler de la guerre et des conflits. L’appétence pour tuer est toujours présente. Le mangaka souligne l’imaginaire qui est lié à ces actions et aussi la construction sociale. Comment prouver que l’on est un vrai bonhomme sinon? Tuer un autre, quelle virilité. Les femmes ont aussi leur voie pour choisir et elles s’y opposent catégoriquement. Et si une femme veut s’engager, elle peut le faire. Un discours assez moderne où elles n’ont pas seulement la place de boniche, cuisinière et incubatrice humaine. Elle est capable de pensée et d’avoir un esprit critique. Une démarche réjouissante de voir ce partie pris qui souhaite déconstruire les clichés sociaux du patriarcat. L’autre fil rouge qui prend de la place se fait avec les rats. Ils commencent à manger le blé et ils se reproduisent vite. On fait assez vite le lien avec les rats et les malades sur l’autre espace. Une épidémie va t’elle ravager la communauté? On est époustouflée par la qualité de scénario et la beauté du graphisme. Il est rare d’évoquer le pacifisme avec autant d’argumentation et confronté imaginaire ainsi que réalisme. La société se veut différente et plus équitable. Est-ce possible? On peut nous aussi s’approprier le sujet pour y réfléchir surtout au vue des conflits mondiaux.

Un manga percutant, audacieux et passionnant qui mêle autant l’usage pertinent du verbe et que la cruauté des armes pour tuer.

L’avis des Blablas de Tachan : « Avec une science de la narration rare, une émotion intense et une superbe maîtrise du débat argumentatif, Makoto Yukimura nous offre encore une fois un chef d’oeuvre ici sur le thème de : Pourquoi faire la guerre et ne pas pratiquer la paix avec ses voisins ? Je suis fascinée par sa maîtrise, émue par les émotions suscitées par ceux à qui il a donné la parole et estomaquée par cette violence qui vient nous percuter alors qu’on était en train de prendre plaisir à voir une relation de co-existence se nouer. « 

Un commentaire

  1. Audacieux, tu as trouvé le mot, il fallait oser en arriver là et continuer à proposer de telles idées souvent bien à contre-courant dans notre époque bien trop guerrière.

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