Agrippine a une vie très remplie pour une adolescente. L’esprit de rébellion n’arrête jamais à l’inciter à voir le monde autrement. Il n’est pas facile d’entretenir toutes les amitiés surtout quand il est question de secte.

4e de couverture
Merveilleux prototype de l’ado en révolte, Agrippine est perpétuellement tiraillée entre des parents trop laxistes, un petit frère impossible, des copines inséparables, et Modern Mesclun l’amoureux transi.

Mon avis
Agrippine est une adolescente très ordinaire. Elle est toujours en rébellion contre le monde entier. Quel plaisir de pouvoir partager sa lassitude avec sa meilleure amie. Surtout qu’il lui arrive toujours des choses comme larguer son petit copain, ne pas avoir le cd de son chanteur préféré, être invité à la soirée où il faut être… Elle est déjà blasée de la vie sans rien connaître. Claire Bretécher ose, avec audace, dresser un portrait de la jeunesse française pas très glorieuse et avec de l’impertinence à revendre.

Cela s’illustre entre autre chose avec un langage très spécifique. Comme d’habitude et encore plus dans cet album, la bédéaste use du verlan, des anglicismes, des abréviations, des tics verbaux, mots à la mode… : « chamanisme tellurique », « exorcisme tantrique », « culte celtique du solstice », « psychosynthèse charismatique », « training de purification », « roadshow mystique… Tout y passe et ça déroute un peu. Aucun doute que cela d’ailleurs puisse freiner plus d’un lecteur tellement le combo dessin et écriture surprend. Elle possède un talent pour raconter des péripéties assez dôles et décalées.

En plus, une histoire sert de file rouge dans toute la bd. Une secte cible des adolescents en les manipulant. Ils cherchent à tout prix à rapporter à la vieille Raymonde tout l’argent possible. A la fin la police arrive pour l’arrêter. On a le droit à un bon mot : « – Nous sommes une association bénévole de spiritualité appliquée à des jeunes livrés à eux-mêmes et qui sans nous s’adonneraient à la violence à la délinquance aux perversons aux drogues aux raves.
– Justement… Ca s’appelle abus de maux sociaux » (p. 54). Des gamins qui se cherchent et sont prêts à croire tout et n’importe qui. La vigilance est importante à avoir de la part des parents. D’autres sujets sont abordés comme l’écologie, la guerre, la misère, la pauvreté… « Il y a plus tragique que tes problèmes sur terre à mon avis. L’effet de serre, la guerre au Khudumond les ventes d’armes aux prématurés » (p. 28). On ne sort pas indemne de la lecture et on se rend compte que la créativité est au rendez-vous.

Un album audacieux et provocateur qui sait faire bouger les lignes de notre imagination.

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