
Il y a des secrets qu’il faut toujours garder pour soi. Par conséquent, il ne faut pas dire que l’on en possède un. Car certains vont essayer de le connaître et cela peut jouer des tours.
4e de couverture
Dans le précédent tome, nous avions lu comment le père de Samson le magnifique l’avait initié au rituel qui faisait la fortune de sa famille depuis deux cent ans : une formule magique ardue, un louis d’or qui se multiplie… Et nous avions assisté au désastre : écrasé par la pression, il n’avait rien pu faire d’autre que de transformer la fameuse pièce d’or en une balle de caoutchouc.
Ce deuxième tome reprend l’histoire plusieurs années plus tard. Samson a appris à maîtriser son caoutchouteux pouvoir, il est devenu magicien. Cette fois, c’est aux affres du mensonge et du couple qu’il va être confronté ; et c’est en suivant les pas d’un vagabond alcoolique et d’un chanteur taciturne que nous découvrirons cette relecture du mythe de Samson et Dalila.
Même s’il peut éventuellement se lire de façon indépendante, ce livre est le deuxième mouvement du triptyque Il se passe des choses (Sélection de Noël Télérama 2013). On y retrouve avec bonheur le travail de Guillaume Chauchat, dessinateur virtuose dont l’économie de moyens souligne avec force la justesse et la sensibilité de ses lignes épurées, dans la lignée d’un Steinberg ou d’un Sempé. Personnages attachants, drôlerie des situations et poésie fugace construisent son univers fin et cocasse.

Mon avis
Quand on découvre l’éditeur : 2024, on sait que l’on va vivre une aventure de lecture particulière. Rien de très conformiste chez eux c’est pour cela qu’il y a peu d’ouvrages et toujours publié sur du papier de qualité. La couverture est intrigante. On a bien des difficultés à lire le titre en couverture. Mais c’est bien à l’image du reste de l’aventure. Guillaume Chauchat s’exprime graphiquement d’une façon assez singulière et rare à voir. Il donne vie à un trait. Impossible de ne pas y voir un lien avec « La linea » d’Osvaldo Cavandoli. Le bédéaste y insuffle de la poésie, de la délicatesse et un brun de folie.

Impossible de ne pas s’émerveiller de la finesse du trait et de l’ingéniosité des récits. Le bédéaste mélange l’histoire standard d’un magicien, un peu dépité et d’un couple où le mot secret a été dévoilé, la rencontre d’un vagabond alcoolique et d’un chanteur taciturne et d’un chient un peu foufou. C’est tout cela, qu’un fil rouge nous invite à une relecture du mythe de Samson et Dalila. On prend le temps d’admirer chaque page tellement il y a de la somptuosité partout. On n’est pas habitué à tant de beauté et d’imagination. On sent un savoir faire maîtriser avec les fulgurances calligraphiées. Le talent est au rendez-vous et cela est flagrant dès la première page. Il sait avec virtuose donner à la parole le bon geste pour la bonne intention. Donc il va à l’essentiel. Inutile d’avoir des surcharge de décors, des cases pour délimiter, des jeux de couleurs… Le message peut passer plus simplement, sans perdre en son efficacité. Un artiste qui prouve que le 9e art est d’une grande richesse et qu’il y a toujours des zones à dépasser.
Une lecture enrichissante et déroutante qui montre qu’un simple trait peut en dire bien des choses.

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