
Parfois vous en avez vraiment ras les ovaires. Les hommes sont insupportables avec leur question de virilité et tout ce que cela engendre. Poser la boîte à couilles sur la table ne génère pas forcément un monde meilleur.
4e de couverture
Un virus fait chuter le taux de testostérone des hommes… et se répand sur la planète !
Jean-Patrick, concessionnaire automobile dans la zone d’activité commerciale de Saint-Pierre-Le-Caillou, panique et tente de se réfugier au sein de la secte masculiniste dirigée par Jo, son coach sportif.
Contaminé par le virus, Jean-Pat voit sa vision du monde changer… Mais alors qu’il se détache du mouvement viriliste, son fils s’y engouffre.
Notre héros parviendra-t-il à sauver son enfant des griffes d’un gourou macho ? Privée de testostérone, l’humanité sombrera-t-elle dans le chaos ? Quel secret la part de féminité de Jean-Pat renferme-t-elle ? Et si la vérité résidait dans les yeux de Champion, son irrésistible chien priapique ?

Mon avis
Quand on passe d’ »Indélébiles » à « Testosterror » sans passer par « Vernon Subutex », on constate que Luz a repris du poil de la bête. Il ose réaliser pour la première fois une satire dans une bande dessinée entière. Le sujet de la virilité est traité sous un aspect critique et plein d’humour. Il ne fait pas dans la délicatesse, la légèreté et tout ça dans 300 pages. Les fans des 48 CC risquent de prendre leurs jambes à leur cou. Quoi, tout ça? Et en plus, il n’y a pas de remplissage gratuit. Tout est réfléchi pour emporter le lecteur dans une aventure improbable, insensé et tellement parlante. En effet, plus d’une case va parler aux femmes par rapport aux attitudes toxiques de ces mascus en manque de colère, de violence et de discrimination. Il n’est pas dit que certains hommes se reconnaissent.

Le personnage centrale, Jean-Patrick Boulard dit Jean Pat, reproduisait les clichés virilistes de son père sans réfléchir. Patron d’une concession automobile où il vend évidemment des gros SUV, il aime la charcuterie, les perceuses, la salle de sport, la sieste et ses copains, la bière… Progressivement, au sein de la sphère familiale, il prend conscience de l’ineptie de son attitude. Le ridicule est d’autant plus grand quand ces potes et amis se mettent à glorifier le royaume de la couille. Luz évoque ainsi l’importance de la famille pour la transmission de valeurs et de liens. Faut-il prôner le conformisme pour espérer correspondre à une forme de normalité? Et ce qu’importe sur les conséquences sur l’entourage, comme l’épouse soumise aux tâches ménagères, cuisine et éducation des enfants. Tout cela est abordé avec beaucoup de dérision et de réalisme. Qui n’a jamais connu un couple où monsieur travaille dure et gagne de l’argent et madame, qu’importe, doit être à la fois femme de ménagère, nounou et maîtresse d’école? On a le droit aussi d’espère que ces mascus, trop présents et valorisés, prennent conscience de quelques éléments. Non les femmes ne vont les remplacer à cause de ce grand problème du grand remplacement sexuel. Bravo pour le lien avec un terme similaire lancé dernièrement pour glorifier le KKK.

Créer un virus, le rubula 12, qui fait descendre le taux de testostérone est vraiment ingénieux. Tout le monde pourra se reconnaître dans la notion de pandémie, d’interdiction de sortir, de limiter les interactions sociales… Mais uniquement à destination de ces messieurs. Si tu es atteint, attention au paquet. Le rôle du mâle alpha risque d’en prendre un coup. Par conséquent, il y a une radicalisation. Impossible de ne pas y voir quelqu’un de proche qui a cette attitude déplorable. Bien le bonjour le male gaze.

Un personnage est important avec Champion, le chien. Représente t’il le mâle, gros vicieux et pervers qui ne pense qu’au sexe. L’homme aurait des pulsions comme si c’était naturel et que cela autorisait des comportements outranciers. Une jolie construction pour justifier de tromper éhontément. On s’émerveille de voir le mignon tout se masturber sur tout ce qui passe : jambe, couverture, pied de table…. Puis pour le calmer, une petite opération et le voilà adorable. Faudrait-il que les hommes passent pas une opération pour être égocentrique? Ou qu’ils prennent un médicament au quotidien comme la pilule contraceptive pour dames? Espérons que plus d’un lecteur viendra à se dire : qu’est-ce qu’il y a de viril en moi? Il n’est jamais trop tard pour se déconstruire. Il faut faire attention quand un terrible médecin prescrit, je cite “un porno le matin, un Rambo le midi, un Schwarzy le soir.” Riad Sattouf avec lui aussi créé un gros naze de cette envergure avec « Pascal Brutal », même si l’on est sur un autre registre d’humour. Le gros beauf pervers, adorateur de la masturbation et du porno crado est très évocateur. Luz propose un humour plus fun, subtil et avec plusieurs niveaux de langue. On rigole plus d’une fois et on veut partager avec les copines.
Une bande dessinée audacieuse, curieuse et drôle qui ose parler du masculinisme, de ceux qui ne voit jamais plus loin que leur érection. Les femmes ne vont pas atteindre le grand remplacement.

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