
Thierry Murat est un bédéaste aguerrit. Parfois quand un défi se présente à lui, il le relève avec enthousiasme et curiosité. C’est pour cela que sa dernière bande dessinée « initial_A » a été réalisé à l’aide de l’IA. Découvrons l’artiste et ses inspirations pour la réalisation d’un ouvrage passionnant et singulier.
Quel évènement vous a fait découvrir le monde de la bande dessinée ? et quels ouvrages vous ont particulièrement marqués et pourquoi ?
Je suis né en 1966 et je pense que je lis de la bd depuis toujours. À l’adolescence, je découvre « Métal Hurlant », la science fiction, la contre-culture de la fin des années 70. « Arzach » de Mœbius, « Corto Maltese » de Hugo Pratt et « Silence » de Comès sont des œuvres qui m’ont marqué à vie.
À cette époque (les années 80), je sais déjà que je veux écrire de la littérature dessinée quand je serai adulte. Puis à l’âge de 20 ans, je suis tombé, comme beaucoup de ma génération, sous le charme du style « Atome » et du travail d’Yves Chaland, Serge Clerc, Ted Benoit, Ever Meulen, Joost Swarte… etc. Tout cela allait de pair avec l’esthétique Rock de l’époque et un un désir de stylisation à l’extrême, dans le design, l’architecture etc. J’ai longtemps essayé de faire de la Ligne Claire, moi aussi, lorsque j’étais étudiant aux Arts Appliqués en 1986. Mais je sentais bien que ce n’était pas dans cette voix que j’allais tirer mon épingle du jeu. Et surtout que les temps et la mode étaient en train de changer. On me dit parfois qu’il y a quelques restes de cette « époque 80 » dans mon approche de l’image, du cadrage. Je ne sais pas…

Qu’est-ce qui vous a donné envie de devenir bédéaste ?
En 2003, je lâche mon métier de graphiste dans le milieu de la communication visuelle et décide de me consacrer entièrement au dessin, à l’écriture, pour l’amour du livre et de la « chose imprimée ». C’est l’envie de raconter le monde. Non pas tel qu’il est, mais comme on le rêve, comme on le fantasme ou l’imagine. Pas pour qu’il soit meilleur ou plus acceptable, ça ne sert à rien de vouloir refaire le monde selon ses critères. C’est très prétentieux. Le monde est. Et nous existons dans ce monde.
Non, c’est plutôt le désir profond d’explorer des niveaux de conscience différents de la réalité. Faire de la littérature dessinée comme une proposition artistique, une invitation à partager d’autres sensations au delà du réel. Offrir un voyage au lecteur, plutôt qu’un clone du journal télévisé ou une notice explicative de l’existence.

Qu’elles sont vos influences artistiques ?
Aujourd’hui, cela va faire plus de 20 ans que je n’ai plus d’influences. C’est une arme à double tranchant les influences. Elles m’ont paralysé pendant trop longtemps (toute la Ligne Claire des années 80, notamment) et lorsque je m’en suis détaché, j’ai vu mes premiers livres, mes premiers projets, acceptés par des éditeurs au début des années 2000.
Quand aux sources d’inspiration, elles sont tellement multiples et changeantes que je ne sais quoi répondre. En tous cas, elles ne sont plus aujourd’hui dans les arts visuels, comme ça a pu l’être à l’adolescence lorsque je me cherchais…
Pour être honnête, je pourrais dire qu’en ce moment mes sources d’inspiration se trouvent dans la poésie. Chez les poètes et puis chez les philosophes, aussi. Mon cœur relis les anciens. C’est à peu près tout ce qui m’intéresse aujourd’hui.
Je peux quand même citer en vrac : Edward Hopper, Andy Warhol, les photos de Félix Nadar ou de Edward S. Curtis, Hitchcock, la peinture rupestre, Neil Young et Jim Jarmusch… Cette liste est loin d’être exhaustive, je me nourris d’images, de musique et de cinéma tous les jours. Je prends aujourd’hui les images, les sons et les mots qui m’entourent, comme de la nourriture, tout simplement et non plus comme lorsque j’avais 20 ans, comme une perfusion médicamenteuse. C’est de cette manière que je suis arrivé peu à peu à trouver ma propre écriture graphique. Ça été long… Mais c’est un processus normal, je crois…

Vous avez déjà abordé la question du numérique dans une précédente bd. Qu’est-ce qui vous a donné envie de retraiter le sujet sous un autre angle dans « initial_A. » ?
Toute l’année 2022, j’ai travaillé sur « Cerveaux augmentés (humanité diminuée ?) », un essai graphique avec Miguel Benasayag, philosophe et épistémologiste. Une rencontre dessinée entre un penseur et un auteur de bande dessinée. Nous abordons, tous les deux, la question d’hybridation homme/machine, en essayant de déconstruire cette vision postmoderne qui a conduit l’humanité à considérer son propre cerveau comme un ordinateur qu’il faudrait optimiser. Nous parlons dans cet ouvrage de colonisation du numérique, de tyrannie des algorithmes et de l’idéologie délétère des transhumanistes et autres gourous de la nouvelle religion numérique.
Sur 180 pages de bande dessinée, nous essayons de faire comprendre au lecteur qu’il n’y a aucune similitude entre la plasticité cérébrale qui sculpte notre être-au-monde et la gestion de données quantitatives et informationnelles, figées dans le silicium inerte des espaces de stockage numériques de nos machines « intelligentes ».
Autant s’acharner à expliquer la différence entre un caillou et un oiseau, n’est-ce pas ?
C’est pour cela, qu’à la fin de la réalisation de cet essai graphique très scientifique, j’ai eu envie de prendre l’air et de ressortir de mes tiroirs un scénario de fiction que j’avais écrit en 2020, « initial_A.« , où la thématique de l’hybridation homme/machine et de l’algorithmisassions du monde est évoquée de manière poétique sous la forme d’une rêverie philosophique ; une fable comme Jorge Luis Borges ou Philip K.Dick pouvaient en écrire. La poésie et la fiction sont, pour moi, les meilleures façons de raconter le monde en créant un état immersif. Tout le reste, ce n’est que du journalisme ou du cours magistral… où l’on reste parfois un peu à distance.

Vos enfants vous ont incité à produire graphiquement votre dernière bande dessinée, « initial_A. » sur Midjourney. Qu’est-ce qui a été un déclencheur pour vous lancer dans l’aventure ?
Non. Mes enfants ne m’ont incité à rien du tout. Ils m’ont rassuré, c’est tout. J’ai découvert à la fin de l’été 2022 ces nouvelles IA de génération d’images. C’était le tout début des prémices de la déferlante que nous connaissons aujourd’hui. Ce fut un choc violent. Après avoir travaillé pendant un an et réfléchi avec Miguel à ce que veut dire le concept d’hybridation homme/machine, j’ai eu soudain le sentiment que j’avais là, à porté de main, la possibilité d’expérimenter concrètement ce concept pour l’instant abstrait, théorique et effrayant.
J’était perdu, terrorisé. Et c’est là que mes enfants m’ont rassuré. Il m’ont juste dit : « Vas-y papa, fait pas ton vieux con et essaye ! ». Ok. Les ados sont formidables…
Alors, le dessinateur que je suis se connecte donc en septembre 2022 sur le programme Midjourney dont tout le monde parle sans l’avoir essayé. Cette puissante IA de génération visuelle traduit du texte en image avec une « pertinence » déconcertante… L’outil est puissant. Un déclic se produit… Quelque part entre terreur et émerveillement. Le mysterium tremendum, en quelque sorte… La base de tout processus artistique. En travaillant sur ces générations d’images « artificielles », j’ai alors cherché de manière empirique une méthode pour apprivoiser les algorithmes afin de trouver la justesse visuelle, les bonnes descriptions, les angles de vue, la qualité d’expression verbale qui vont conditionner la précision des scènes imaginées, le langage de la forme picturale et de la composition d’univers… C’était vertigineux… En quelques semaines, j’avais prompté, généré, trié, sélectionné, archivé plusieurs milliers d’images. Toutes singulières, inédites et surprenantes… Je me suis alors rendu compte que le propos de mes questionnements, à cet instant, était exactement le même que dans le scénario de « initial_A. » que j’avais écrit deux ans plus tôt. Explorer la frontière… Il me restait à construire les pages. Une à une, pendant cinq mois. Et à chercher dans cette architecture invisible d’entre les cases, comment faire dialoguer ces images entre elles avec mon scénario. Faire mon métier d’auteur de bande dessinée, tout simplement, mais d’une façon nouvelle et inattendue. Mais, où est la frontière ? Dans cette hybridation combinatoire, qu’est-ce qui est humain et qu’est-ce qui ne l’est pas ? La réponse m’est apparue assez clairement. Ce qui est humain c’est mon désir de raconter cette histoire, à cet instant, de cette manière et faire dialoguer le fond et la forme d’une façon inédite. Un récit de science fiction dessiné avec un outil de science fiction, voilà l’idée qui a déclenché le processus créatif d’ »initial_A« .

Est-ce que le travail graphique différent vous a mené à modifier votre scénario ?
Si le scénario d’« initial_A. » n’a pas beaucoup bougé à la suite des images que j’ai générées, il y a cependant eu des digressions grâce à l’IA qui ne seraient pas apparues si j’avais dessiné à la main, comme d’habitude. Car malgré tout, un « dialogue » s’installe entre l’homme et la machine : bien qu’elle reste un outil, il se passe des choses inattendues qui amène l’imaginaire vers un ailleurs. La machine ne fait rien toute seule, ce qu’elle produit est dû à l’intervention de l’homme, elle ne prend pas les rênes, l’humain reste maître à bord. En me confrontant à l’outil, je ne me sens pas dépossédé de mon énergie créative. En revanche, la vitesse avec laquelle la machine réagit, sa rapidité d’exécution n’est en rien celle de l’homme et cela engendre une sursollicitation. Je mets environ douze mois pour faire un album. Pour initial_A., j’ai consacré deux mois à la génération d’images et quatre mois au travail de montage, mais la fatigue engendrée est bien plus importante, car le calendrier de réalisation est plus court et donc plus intense. J’ai ressenti une énergie de travail assez inhumaine. C’était très étrange, donc passionnant à expérimenter.

Dans le récit, souhaitez-vous tirer l’alarme sur des risques présents qu’il faudrait plus considérer pour éviter une catastrophe inéluctable à l’avenir ?
Non. Je ne suis pas lanceur d’alertes, je ne suis pas catastrophiste, non plus. Et encore moins prophète. J’interroge le monde de manière poétique.
En diabolisant la machine, on l’idéalise. Je préfère écrire des fictions.
Je ne fais pas de leçon de morale, « initial_A ». est une une invitation au voyage à la rêverie psychédélique, comme un trip sous acide que je fais partager au lecteur. C’est presque une expérience shamanique.
Libre au lecteur d’en faire un voyage initiatique ou un bad trip. Je suis responsable de ce que j’ai écrit mais pas de la manière dont je suis lu.
Quoi qu’il en soit, dans cette bande dessinée, le tableau que je dresse de cette humanité en bout de course, totalement algorithmée, n’est pas des plus reluisant et ce n’est évidemment pas un manifeste transhumanistes ou un tract de promoteur de l’IA.
C’est une fable dystopique avec quelques échappées poétiques qui interroge notre avenir…

Quels sont les avantages et inconvénients spécifiques de l’utilisation de Midjourney dans votre processus de création ?
Aucun avantage. Aucun inconvénient. C’est juste une autre manière de raconter une histoire dans une relation texte/image totalement inédite.
Une expérience. Rien de plus. Une proposition artistique dans un contexte très particulier, à un moment clé où notre humanité se sent perdue et dépossédée de son être-au-monde par les algorithmes qui envahissent tout. Mon processus de création a été boosté par ce constat contextuel inédit, et non pas par l’enthousiasme béa de l’utilisation d’un nouvel outil. J’ai déjà utilisé beaucoup de nouveaux outils au fil de mon parcours et ce n’est pas ça qui me fait avancer. Jamais. C’est surtout le regard que je pose sur notre humanité qui me porte, pas l’outil utilisé.

Pouvez-vous partager un exemple de fonctionnalité de Midjourney qui a eu un impact significatif sur la qualité ou l’efficacité de votre travail ?
Non, pour les mêmes raisons que ce que j’expose dans la question précédente. La technique ne change pas l’âme de l’artiste. Il n’y a pas de progrès en art. Et c’est temps mieux parce que l’art est absolu. Au dessus du bien et du mal. Au dessus de la morale. (Je n’ai pas dit au dessus des lois…)

Est-ce que travailler avec une IA demande un effort d’apprentissage continue ?
Oui. Tout va très vite. Nous sommes entrés dans un siècle d’accélération qui annonce un millénaire étouffé par l’immédiateté… Donc, oui, il faut certainement un apprentissage continue pour les artistes qui ont décidé de faire de l’IA leur seul et unique nouveau moyen de créer. Ce n’est pas du tout mon chemin. L’IA est arrivé dans mon parcours par accident et elle s’éloignera peut-être tout aussi accidentellement de mon horizon.
Tout dépendra de ce que j’ai envie de raconter en bande dessinée, de l’évolution de ma démarche et de mon propos. Mais je ne vais pas me lancer dans une formation continue en IA. J’ai mieux à faire.

Est-ce que le financement participatif vous semble être une forme vous permettant plus de liberté dans la création ?
Oui et non. J’ai opté pour le financement participatif parce que « initial_A. » a été annulé de parution par l’éditeur qui s’était engagé à le publier. Comme il était hors de question que je me laisse effacer, j’ai cherché d’autres éditeurs susceptibles de publier un tel ouvrage-expérience, mais en vain. Au printemps 2023, la crispation dans le petit milieu éditorial était telle, que aucun dialogue ne pouvait avoir lieu : « L’IA c’est le mal, l’IA c’est un truc de droite, l’IA vole l’âme des artistes, l’IA va détruire l’humanité comme dans Terminator ». Ok, circuler y’a rien à voir.
Donc le financement participatif dans ce contexte de censure est très utile. D’autant plus que j’avais déjà mon public, depuis 20 ans. Mais dans l’absolu, je crois vraiment, très profondément au rôle du filtre éditorial. Sinon on va aller vers de plus en plus d’auteurs autoproclamés, autopubliés sans talent, qui vont surcharger le marché du livre déjà mis à mal par la surproduction. Je dis cela en toute honnêteté puisque mon livre « initial_A. » n’est pas une œuvre autoproclamée sans fondement éditorial. Mon livre était signé sous contrat, chez un gros éditeur français de bande dessinée et prévu pour la rentrée littéraire 2023, avant d’être annulé au dernier moment, pour des raisons nébuleusement « éthiques », sans fondement juridiques et légales. « Nous avons peur, les auteurs ont peur, le monde a peur, donc on annule ton livre… ». Voilà ce que l’on m’a dit. Sans aucun dialogue possible.
Et comme il est inconcevable de suprimer un livre de la bibliographie d’un auteur, j’ai tout mis en œuvre pour que ce livre existe. Parce qu’il était prévu, programmé comme une pierre dans mon petit édifice de créateur…
Donc, le financement participatif m’a servi à financer un livre qui avait déjà une caution éditoriale au départ. Cette notion est très importante pour moi.
Ce n’est pas une œuvre autoproclamée grâce au crowdfounding.

L’outil IA a-t-il influencé ou renouveler votre approche de la narration visuelle en bd ?
Pas du tout. Je raconte avec ces même tics narratifs depuis une quinzaine d’années ; découpage ample, élipses, refrains visuels, texte off très présent, utilisation du vide dans les cadrages, etc.
Ma petite musique narrative est en place depuis si longtemps, que je suis à l’aise dans cette manière de raconter. C’est ma maison, c’est chez moi. L’utilisation de l’IA n’a rien changé.
Il suffit pour s’en rendre compte de lire mes autres livres chez Futuropolis, notamment.

Pensez-vous créer une autre bd avec l’aide de l’IA ? Peut-être aussi sur l’aspect scénaristique ?
Non, je ne pense pas. C’était une expérience. Et le texte généré avec l’IA style ChatGPT ne m’intéresse pas du tout, pour l’instant. Peut-être qu’un jour… Qui sait ? Mais, là, je ne ressens pas le besoin d’expérimenter l’IA dans l’écriture. Vraiment pas.

Que répondriez-vous à ceux qui pensent que les images produites par une IA soient de l’art mais qu’elles n’aient pas de valeur artistique une fois considéré la manière dont elles ont été produites ?
Je leur répondrais qu’aucun humain n’a la légitimité de décréter ce qui est de l’art ou n’en est pas. Seul les régimes autoritaires, les dictatures, peuvent se permettre de qualifier un forme artistique de dégénérée, comme Hitler l’a fait dans les années 30 en interdisant l’Expressionnisme.
Je leur répondrais aussi que la photo ne nécessite aucun savoir faire de dessinateur ou de peintre, qu’il suffit d’appuyer sur un bouton, mais que malgré tout, il y a des photographes dont le regard nous bouleverse à tout jamais.
Je leur dirai aussi de garder les yeux bien ouverts en cette année 2024, car il va y avoir une déferlante stupéfiante d’images vulgaires, bas de gamme, générée avec l’IA. Mais qu’il va y avoir aussi des artistes avec un univers incroyable qui vont faire exploser les codes esthétiques avec une élégance folle de manière totalement inédite et désinvolte. Ce n’est jamais l’outil qui fait évoluer l’histoire de l’art, ce sont les artistes.
Je pense que l’IA est une déflagration artistique pour le pire et le meilleur.

Pourriez-vous nous donner des informations sur le label Log out que vous avez créé avec Manon Jaillet ?
Log Out est une petite structure éditoriale, créée dans l’urgence, face à la censure de « initial_A.« . Ce label indépendant peut très bien s’ouvrir, grâce à l’expérience professionnelle éditoriale de Manon, à d’autres projets, sans cloisonnement de genre, ni d’outil, ni de forme. Simplement le désir d’offrir un espace de liberté partagée qui ouvre le regard et nourri la pensée. Nous verrons ou cela nous mène.

Est-ce que vous vous considérez comme un artiste numérique dorénavant en plus de bédéaste ?
Artiste numérique, je le suis peut-être depuis que j’utilise un Mac en complément de mes pinceaux, comme tout le monde, depuis le début des années 90.
Bédéaste… Pas uniquement. Dessinateur, poète, écrivain, peintre, sculpteur, photographe, musicien…
En fait, je me considère surtout comme un touche à tout et surtout comme un artiste libre.
Le bédéaste est un homme passionné, convaincu et enthousiaste qui met tout son être dans sa création. Quand un obstacle se pose, il met tout en place pour laisser sa liberté de créer et de faire découvrir à tout le monde.
Un grand merci à Thierry Murat d’avoir pris du temps pour m’avoir répondu.

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