Vivre en communauté à quelque chose d’intriguant. Surtout dans l’esprit post-68 où tout semble possible. Yann partage son parcours dans une expérimentation grandeur nature.

4e de couverture
En racontant la création et l’évolution d’une communauté, qui s’est dès le départ appuyée sur une activité économique en marge du consumérisme, Hervé Tanquerelle et Yann Benoît témoignent d’une aventure unique et hors norme qui a, au fil du temps, défié l’utopie de cette époque.

Yann est un jeune étudiant qui croit en ses idées et se bat pour une vie choisie. Quatre ans plus tard, avec une bande d’amis, il travaille dans l’atelier de sérigraphie de son père. Ils ont entre 20 et 25 ans et souhaitent tous s’installer à la campagne, avec femmes et enfants. Ils achètent une ancienne minoterie abandonnée, avec moulin et maisons. Et c’est ce lieu qui engendre l’idée de communauté et la possibilité de mettre en pratique leur credo proclamé avec force un certain mois de mai : travailler sans patron et subvenir aux besoins de chacun. Cette idéologie anti-consumériste va enfin pouvoir prouver par l’exemple qu’elle n’est pas une utopie !

Et la minoterie devint une communauté ! Une communauté différente, en ce sens qu’elle est loin de l’image fantasmée du mouvement communautaire de l’époque, loin du slogan flower power : sex, drug and rock n’roll.

Armé d’un magnétophone et de ses crayons, Hervé Tanquerelle a recueilli le témoignage de son beau-père, Yann Benoît, l’un des fondateurs de cette communauté. S’ouvre entre Yann et Hervé un dialogue mouvant, dont ce récit est le témoin. Un livre-entretien qui plonge au coeur de ceux qui, il y a quelque quarante ans, ont voulu vivre différemment.

Publié initialement en deux parties, cette version intégrale est complétée par les témoignages des acteurs de la communauté à la lecture de ce récit.

Mon avis
Mai 68 est toujours dans l’esprit de tout à chacun. Un moment de grands espoirs qui n’ont abouti à pas grand chose à final. Tout le monde ne luttait pas forcément pour les mêmes raisons. Certains c’étaient pour avoir un meilleur revenu pour consommer, d’autres pour changer la société de consommation ou donner du sens à moment de leur vie. Quand tout à pris fin, la plupart ont repris leur vie comme avant avec parfois une augmentation de salaire. Mais Yann Benoît et ces amis décident de prendre les choses en main et d’aller créer une communauté. Pas comme l’image d’Epinal avec des gens nus qui partagent leurs conjointes tout en consommant excessivement des drogues. Ils sont très loin de ça.

L’ancienne minoterie devenait un lieu pour prouver que l’on pouvait vivre et collaborer ensemble. Ils élevaient des animaux, un peu d’agriculture, de la gestion de la forêt et une entreprise de sérigraphie qui permettaient de faire rentrer de l’argent. Tout s’est progressivement avec une volonté de fer. Grâce aux agriculteurs aux alentours, ils ont appris à tuer des animaux par exemple. Ils ont créé un réseau solidaire et offrir un verre d’alcool ça aide grandement. Par contre chez eux, c’est le partage équitable des tâches. Monsieur fait du repassage, du ménage et de la cuisine. Quelque chose qui choc le monde paysan très conservateur et phallocrate. Pour prouver aux autres que leur modèle de vie et modèle économique est viable, ils font des portes ouvertes. Un véritable succès auquel ils ne s’attendaient pas. Ont-ils trouver vraiment le modèle du futur de la communauté? En tout cas, les vacances sont des occasions d’aller voir d’autres communautés et voir comment elles fonctionnent. Les modèles ne manquent pas.

Yann dévoile avec plaisir ses souvenirs de cette période qui semble idyllique. Cette première partie semble s’intéresser au moment où tout semble possible. Un gros mais arrive. Car il semblerait qu’elle n’existe plus à ce jour. On aimerait bien comprendre pourquoi. C’est intéressant de voir qu’il est possible de trouver des gens pour partager un idéal. Il faut bien pauser le cadre dès le début. Un partage d’expérience qu’il est rare de lire et encore plus dans la bande dessinée.

La mise en page d’Hervé Tanquerelle est très audacieuse. Il se met en scène avec son beau-père, il montre le processus d’enregistrement des données et il raconte en image le témoignage. Les dessins sont très réalistes avec un aspect en arrondi très chaleureux. Il alterne avec un autre style graphique qui pourrait se rapprocher d’une interprétation d’une photographie. On est immergé dans la communauté au plus proche du quotidien. Une aventure sociale avec un idéal tenace.

Une lecture passionnante qui nous montre que des gens osent au risque de se tromper. Pourquoi n’a t’on pas le droit de croire en une société différente et meilleure?

Laisser un commentaire

Bienvenue dans cette immersion dans le monde fabuleux du 9e art.