Il y a des faits divers que parfois il est bien de redécouvrir. Chantal Montellier décide de porter un autre regard sur le 4 octobre 1994. Florence Rey et Audry Maupin, attaquent la préfourrière de Pantin pour voler des armes et tout finit dans un bain de sang.

4e de couverture
Le 4 octobre 1994, radios et télés rapportent un fait divers d’une extrême brutalité. Deux jeunes gens, Florence Rey et Audry Maupin, viennent d’attaquer la préfourrière de Pantin pour voler des armes.
Place de la Nation, le taxi à bord duquel ils s’enfuient percute une voiture de police. Fusillade. Course poursuite. Cinq morts et cinq blessés en moins de trente minutes. Coup de folie ou opération terroriste ?
Le visage d’ange paumé de Florence Rey devient une icône cathodique instantanée, symbole de la violence et de la confusion idéologique des temps. Les médias invoquent l’influence de films ultraviolents comme le Tueurs nés d’Oliver Stone.
On présente Rey et Maupin comme des Bonnie & Clyde de la terreur, des nihilistes délirants, alors qu’en réalité leur parcours épouse celui de tant d’enfants des classes moyenne et ouvrière en rupture avec un modèle de société de plus en plus brutal et matérialiste…
Dix ans plus tard, Chantal Montellier rouvre le dossier et suit les pistes négligées à l’époque, y compris celle, évoquée à mi-voix par certains médias, du troisième, voire du quatrième homme.
Son travail, vibrant de sincérité, jette une lumière neuve sur une affaire emblématique de notre histoire récente. Et par-dessus tout cela, flotte l’inoubliable visage de Florence Rey, le soleil noir de son regard.

Mon avis
Chantal Montellier ose toujours mettre les pieds dans le plat dans la bande dessinée. Pourquoi vouloir rester dans des carcans classiques quand on peut être audacieux? Elle a toujours choisi des sujets tabous ainsi que provocateurs et ce depuis les années 70. Là, elle se lance dans l’enquête sur des criminels idéalistes et nihilistes. Florence Rey au visage d’ange a contribué à une fusillade le 4 octobre 1994, place de la Nation, au cours de laquelle cinq personnes, dont deux policiers, ont été tué. La presse la clou au pilon. Les politiques se servent de ça pour proposer un état militaire avec une restauration de la peine de mort. Tout est prétexte pour imposer la violence pour répondre à la violence qui elle aussi répond à la violence. Le contexte est complexe. Les manifestations ouvrières sont sévèrement rabrouées. Les morts s’accumulent et la police est innocentée. Elle fait ce qu’on lui demande. Une opposition politique se crée pour agir concrètement. Ils se rassemblent et pousse l’action toujours plus loin. La créatrice ne tente pas de disculper les deux militants. Elle n’excuse absolument pas leurs actes. Elle demande si cette affaire n’a pas été réduite trop vite à un simple fait divers sans enjeux.

Pour porter un autre regard, la bédéaste a inventé une journaliste, Chris Winckler et qui enquête sur un fait divers réel. Elle montre une femme forte, libre et déterminée. En plus, elle aime la bande dessinée et fait souvent référence à Pravda la survireuse. Tout se combine à merveille avec éloquence et provocation. Son style assez brut, direct et ces contrastes de couleurs percutants. Une mise en page audacieuse où réalité se mélange avec imagination. Elle dresse un portrait un portrait sociétal vraisemblable sans demi mesure. Et quel titre qui fait référence aux damnés de la Terre de Frantz Fanon.

Une lecture percutante comme il est rare d’en trouver surtout sur des sujets aussi sensibles que la désobéissance civile.

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