22h05 rue des Dames

Undertaker, c’est sous ce nom qu’il se fait connaître en voyageant en diligence. Jonas Crow n’est pas apprécié car le métier de croque-mort n’est pas celui qui attire le plus de sympathie. Alors lorsqu’on le demande pour une mise en bière, il arrive à grand pas. Il aurait préféré être ailleurs au final. 

Il est grand, il est beau et il fort. Jonas Crow aurait pu faire de nombreux métier mais il a choisi de devenir croque-mort. Quels services peut-il proposer? « Tout dépend m’sieur. Le cercueil ça varie selon qu’on fait du simple en pin ou du fignolé en orme ou en chêne, et qu’on recouvre recouvre l’intérieur de tissus ou pas, j’ai du coton, de la soie ou du velours… Après, y les soins du corps. Je commence à un dollar pour un forfait habituellement et un peu de conservation. Je peux faire aussi de la remise en état de cadavres. C’est que ça compte pour les familles… La dernière image qu’on veut garder, c’est celle des proches encore vaillants, pas déglingués après leur passage sous un cheval ou après un ravalement de façade à la chevrotine. Et pour réparer, vous avez devant vous un des tout meilleurs! J’en connais même qui disent : « Jonas Crow redonne vie aux morts »! En toute modestie, bien sûr… Pour le reste, faut compter le transport, dix cents du mile, puis les frais de mise en bière, le recouvrement du cercueil… Après je pose une croix en bois pour une tombe en pierre » (p.10).

Son métier ne force pas l’affection des habitants surtout accompagné de son vautour, Jed. C’est aussi bien car ce n’est pas un homme ordinaire. Son passé est derrière lui. Il voudrait bien en tout cas. Car malgré lui, il va tomber dans une situation qui va totalement lui échapper.

Joe Cusco n’est pas encore mort mais il s’engage à mourir le lendemain. Il va devoir emmener son corps à un endroit bien particulier. Rien de trop surprenant dans l’idée. Très vite des gens vont se mettre sur son chemin pour l’empêcher de faire son travail honnêtement puis vont s’en prendre à lui. Car sous son air innocent se cache un homme sachant manier la gâchette. Tuer des gens n’a pas l’air de l’ennuyer.

Mal rasé et pas toujours aimable, il sait s’imposer. Et quand on lui demande de faire une petite prière après l’enterrement, il ne se dégonfle pas et montre son bagout : « — Dieu a dit: « Tu éviteras de faire chier un type qui braque un calibre 44 sur toi ». Et pour une fois ‘feriez mieux de l’écouter ». Si tu n’es pas content, c’est pareil. En tout cas, il est arrivée à se faire aimer par la lectrice que je suis. Des révoltes ouvrières, des hommes sans coeur et sans reproche prêt à tout pour de l’or, des fusillades, des course poursuites… et bien entendu des cadavres, un assemblage tout bien dosé qui rend l’aventure palpitante. Nous sommes plongés auprès de ces hommes voulant de l’argent pour soit sortir de leur pauvreté ou soit pour valoriser son égo.

Ralph Meyer et Xavier Dorison forment un duo de choc qui maîtrisent les codes du genre pour les sublimer. Doucement, le suspens monte et l’aventure prend des dimensions extraordinaires. Rien n’est gratuit ou juste fait pour du remplissage. Ils osent même ne pas se limiter au 48CC. La tension est maintenu dans les 56 pages pour se conclure avec un cliffhanger. C’est une bd que l’on prend plaisir à relire et redonne des lettres de noblesses au western.

Il y a du sang, de la sueur et des larmes en plein coeur du far-west. Vous ne pouvez pas passer à côté de cette aventure extraordinaire et addictive. Envie de désert et de western, prenez rendez-vous avec l’Undertaker.

L’avis de Belette : « Parce que des bédés western de cette qualité, j’en redemande. De plus, je trouve que Jonas Crow a un petit air de Mike S. Blueberry : même arrogance, même dégaine, même rapport avec l’autorité (« Mon corbillard, mes règles »). »