
Le passé revient parfois en pleine face. Impossible de laisser de côté les émotions, surtout quand il est question de justice. Blacksad ne baisse jamais les bras et ose l’improbable.
4e de couverture
« Il y a des matins où l’on a du mal à digérer son petit-déjeuner. Surtout si on se retrouve devant le cadavre d’un ancien amour. »
Dès la première case, le ton est donné. Nous sommes dans un polar. Avec les ingrédients habituels: un meurtre, une grande ville américaine rongée de l’intérieur, une belle poupée salement amochée. Jusqu’au détective privé – un chat baptisé Blacksad – qui contemple, désabusé, l’agitation de la grande ville en soulevant légèrement le store. Bref, du classique, se dit-on. C’est à moitié vrai. L’intrigue reste en effet dans la grande tradition du film noir. Mais le graphisme, lui, nous cueille comme un méchant uppercut au détour d’une ruelle sombre.
Juanjo Guarnido, dessinateur espagnol, signe ici sa première BD. C’est un coup de maître. Il possède un étonnant sens du cadrage et du mouvement. C’est bien simple, on se croirait au cinéma. Pas étonnant : il est animateur aux studios Disney, en banlieue parisienne… Un premier album en forme de révélation. La suite, vite…

Mon avis
Quelle claque cet album. Dès la première page, nous sommes immergés dans les Etats-Unis des années 50. On rencontre un gars pas tout à fait ordinaire. Blacksad, félin détective, mélancolique, déterminé, jusqu’au-boutiste et parfois amoureux transi. Quand le chef de la police lui confie une mission, il ne pensait devoir trouver l’assassin de son ex. Elle lui avait bouleversé le coeur. Natalia, actrice de cinéma, une femme si belle et si curieuse a besoin d’aventure. Malheureusement pour elle, là voilà morte. Qui l’a assassiné? Le héros mène une enquête et les adversaires sont nombreux. Il touche à quelque chose de sensible où la pègre est impliqué. Mais qu’importe les adversaires, il buttera le responsable. D’autant plus qu’il sera protégé par le flic Smirnov de tout ce qu’il fera. Tant qu’il vit, la justice sera faîtes.

Impossible de ne pas être touché par les somptueux dessins et les couleurs chatoyantes de Juanjo Guarnido. Quelle incroyable maîtrise de l’aquarelle. On ne s’étonne pas qu’il a reçu au Comic-Con de San Diego en 2011 le prix Eisner Award du « best painter/multimedia artist (interior art) ». Sa formation chez Disney lui a apporté un savoir faire des plus précis. Quel ravissement de regarder les pages tellement elles sont splendides. Le scénariste Juan Díaz Canales complète à merveille le dessin. C’est incroyable et bluffant. Aussi bien les personnages que le récit sont travaillés avec finesse, psychologie et passion. On ressent une multitude d’influence comme les films noirs américains des années 50 avec des mafieux et des femmes fatales. Les deux amis espagnols qui se sont rencontrés aux studios d’animation Lapiz azul à Madrid forment dorénavant un duo de choc. « Blacksad » est une série incontournable et reconnue dans le monde entier. Une fois que l’on commence, on est subjuguée de la première à la dernière case. Les expressions et les caractères anthropomorphes possède une grande humanité.
Une bande dessinée saisissante, touchante et passionnante qui a captivé. Impossible de ne pas avoir envie de poursuivre le récit.
L’avis de Belette : « L’enquête est classique mais ses ramifications vont plus loin que l’on aurait pu le penser au départ et elle nous fera entrer dans un monde de corruption, de violence, de meurtres gratuits… Bref, c’est glauque, poisseux et on adore ! Un détective hard-boiled comme au bon vieux temps de Dashiell Hammett et ses pairs. »

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