
La vie d’adolescente n’est pas un long fleuve tranquille. Agrippine tend bien que mal à suivre ces humeurs et ces idées. Le monde finira bien par la comprendre ou pas.
4e de couverture
Agrippine est une adolescente des années quatre-vingt-dix. Cynique, teigneuse, cossarde, désabusée, peste, mais touchante à force de se chercher – en vain – une identité. Elle traîne son mal de vivre avec ses copines de classe, houspille son petit frère et drague au coup par coup des garçons qui ont du mal à la suivre. Agrippine use allègrement d’un langage aussi mystérieux qu’hilarant : « Pourquoi les gnolguis xéroxent tout leur comporte sur des gourous baveux, ça persécute à force », susurre-t-elle à sa meilleure amie, plongée dans un abîme de perplexité. Pleine d’humour et de tendresse cachée, Agrippine tend un miroir gentiment déformant aux adolescentes et aux adolescents de sa génération. Bretécher retrouve la verve et la vivacité qu’elle exprimait dans sa série Les Frustrés, pour décrire les états d’âme d’une jeune femme représentative de son temps. L’humour acidulé et caustique présent tout au long des albums aidera le lecteur à passer un bon moment, en réfléchissant aux travers de notre époque.

Mon avis
C’est toujours une aventure de lire Agrippine. Surtout que l’on découvre une adolescente rebelle, insatisfaite, mécontente presque tout le temps. Elle ose sans cesse se faire entendre qu’importe si elle dérange ou que cela n’est pas le bon moment. Quel parent ne pourra pas voir sa progéniture en action? Pas besoin spécialement que cela soit une fille pour voir les excès des humeurs et des manipulations en famille. Ils voient facilement les failles pour mieux les utiliser. Parfois, il y a des excès d’émotions qui éclatent. C’est pour que cela qu’on trouve cette bande dessinée drôle, réaliste et improbable. Néanmoins, elle n’est pas tout public. Pour certain le dessin va être trop direct, trop franc, pour d’autre c’est la langue avec des expressions d’un autre temps qui risque de mettre de l’inconfort. On oublie parfois l’audace de Claire Bretécher pour aller bousculer les frontières classiques du 9e art. Personne n’a osé dresser un portrait aussi cruel et amusant de ces gamins prétentieux et en manque d’assurance en même temps. Lire « Agrippine » permet de remettre en cause nos habitudes de lecture et d’oser. Il n’y a pas de Reiser qui a le droit à faire des dessins moins précis. Et en plus, on n’est pas obligé d’être vulgaire et de montrer des testicules.
Une lecture drôle et provocatrice qui nous incite à voir le monde d’un autre regard.

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