La tranquillité du Rouergue est mise en cause. Autant les habitants que le petit peuple ne peuvent accepter la situation. Alors ils vont lutter pour garder leur liberté et protéger l’environnement.

4e de couverture
Survolant les collines tranquilles du Rouergue, M. Dubois-Chauffier découvre la région où il vient d’être nommé par la multinationale Parindus pour reprendre une mine dont l’exploitation avait pourtant été arrêtée des années auparavant. Installée en pleine forêt de Cassaniouze, cette reprise d’activité ne fait pas l’unanimité dans cette région rurale. Nombreux sont ceux qui pensent qu’elle va saccager l’environnement. À peine arrivé, M. Dubois-Chauffier doit affronter une grève illimitée, le courroux des habitants du coin. Mais aussi les drôles de bruits qui courent à propos de cette forêt. Il semblerait que le petit peuple des bois, gnomes, lutins, fées, diablotins… ne soient pas du tout prêts à être dérangés par les manœuvres industrielles, ni par les CRS déplacés par la préfecture pour rétablir l’ordre. Une partie de bras de fer commence.

Mon avis
Pierre Christin collabore dans un one-shot avec Jacques Tardi pour “Rumeurs sur le Rouergue” annoncé dans le numéro du 13 janvier 1972 pour s’étaler sur cinq mois et en couleurs dans « Pilote ». Il fallut attendre 1976 pour une publication en album. Le récit se déroule dans une province profonde, où des habitants de la forêt (elfe, lutin, gnome, diablotin…) s’allient aux habitants du village pour lutter contre une multinationale américaine qui reprend une mine fermée. Elle veut l’exploiter à son maximum au nom du profit. Outre les aspects politique et social, l’aspect écologique est très présent avec la préservation de la nature et de ces étranges habitants. Une cohabitation est possible depuis des décennies. « Je vous demande donc de remplacer votre projet d’exploitation minière par une usine de transformation adaptée aux traditions artisanales de la région, chose facile pour un groupe comme le vôtre à condition que vous soyez prêts à payer des salaires décents.». Voici ce qu’exige le meneur de la rébellion. L’accord sera de mise. En plus, cela fera une bonne pub. « Oui… Pas bon pour l’image de marque. La pollution et tout ça… » Pour y arriver, la magie aide à aboutir à ces objectifs. Ainsi on verra des CRS et des politiciens transformés en grenouilles ou autre. Ils sont ridiculisés au possible pour le plus grand plaisir des lecteurs. On sent bien l’aversion des créatifs pour les représentants de l’ordre.

Même si une part est liée à l’imaginaire, cela s’inspire de la réalité. Des industrielles arrosent généreusement des politiques qui valident alors les projets d’usines. Qu’importe l’impact social et l’environnemental, il faut installer à tout prix. Quelqu’un sera gagnant au final. Cette modification rapportera toujours à quelqu’un. Cette forme de gestion est très courante sur tout le territoire. « Eh bien, comme vous le savez aussi, Parindus l’a reprise sur les instances du sénateur Campouriez qui, outre qu’il est l’élu de la région, a de gros intérêts chez nous… « . L’argument du capitalisme est toujours présente. « – Et pour apporter un peu de rigueur à cette discussion, je voudrais préciser qu’à l’heure où le capitalisme croule sous les contradictions croule sous ses contradictions internes, il faut… – Objection monsieur! Nous sommes entrés dans une phase de néolibéralisme qui… – Mais pas du tout! Engels a dit.. ». Pour mieux faire passer la pilule de ce réalisme trop vraisemblable débarque une foultitude de petits personnages divers et variés. On sent que certains se sont bien amusés dans les représentations. D’ailleurs, la censure est même passée par-là puisqu’une femme qui montrait ces fesses a du être revêtu d’une culotte. Une requête qui semble bien dérisoire. Au final, on passe un bon moment de lecture qui nous plonge dans un contexte différent où il était devenu ordinaire de se moquer des politiques.

Une réédition qui permet de découvrir les débuts de Tardi et Christin avec leur passion pour l’histoire et leur esprit rebelle.

2 réponses à « Rumeurs sur le Rouergue – Pierre Christin et Jacques Tardi »

  1. Avatar de belette2911

    Oh, des dessins comme je les aime, qui sentent bons les années 70 🙂

    1. Avatar de noctenbule

      une pure bd de l’époque. On sent les prémices des autres bd de Christin juste après

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