Alors que j’essayais d’être quelqu’un de bien – Ulli Lust

Quand on a des rêves professionnels, on est souvent prêts à tout pour y arriver. Ulli veut vivre de son art et suivre son coeur. Malheureusement parfois, on ne peut pas tout obtenir.

4e de couverture
Autriche, 1990. Ulli a vingt-trois ans et vit à Vienne, où elle tente de faire carrière comme illustratrice tout en alternant petits boulots et aide sociale. Son fils de cinq ans, Philipp, vit chez ses parents, et elle est en couple avec un homme beaucoup plus âgé qu’elle, Georg, acteur dans une petite troupe de théâtre . Suite à une rencontre dans un parc, Ulli s’engage dans une intense liaison avec un jeune immigré nigérian, Kim. Férocement indépendante, la jeune femle d’étude de mener de front ces deux relations amoureuses…
Ulli Lust revient sur sa jeunesse pleine de bruit et de fureur, cinq ans après les événements décrits dans son premier livre « Trop n’est pas assez » ( Prix Révélation Angoulême et Prix Artémisia).

Mon avis
Ulli Lust poursuit son récit autobiographique débuté avec « Trop n’est pas Assez ». Elle évoquait son adolescence punk au milieu des années 80. Une occasion de repousser les limites entre fugue, sexe et drogue. Le fait de tomber enceinte a mis un coup de frein radicale à cette vie décadente. On la retrouve 5 ans plus tard dans « Alors que j’essayais d’être quelqu’un de bien ». Elle vit à Vienne et essaie à tout prix d’intégrer une écoles d’art. Pendant ce temps, son fils reste chez ses parents où elle le retrouve le week-end. Elle survit avec des petits boulots. Son temps lui sert à avancer dans un livre d’illustration qu’elle veut proposer à des maisons d’édition.

On pourrait croire que l’on va suivre une artiste qui s’épanouit dans son travail et dans sa recherche graphique. Elle partage plutôt sa vie sentimentale. D’un côté, il y a Georg, avec qui elle partage une réelle affinité intellectuelle. Pour le sexe, ce n’est vraiment pas ça. Elle ne le sent jamais en elle. Donc de l’autre, elle tombe sous le charme de Kim, un immigré nigérian avec lequel elle entretient des relations sexuelles des plus épanouissantes. Même si elle a toujours été honnête avec lui, il ressort des arguments fallacieux de sa culture. Il devient violant et très possessif. Le culte du masculinisme est passé par là. Elle partage sa vie dans cette tempête émotionnelle entre espoir déçus et ravis. Pas de secret et pas de tabou avec ces lecteurs. Parler ouverte de sexe, de plaisir et le montrer dans des gros plans pas de soucis. Elle se dévoile comme elle est. Quand il faut tourner la page quand elle se retrouve seule. La publication de son album lui ouvre de nouvelles portes avec un nouveau départ.

Elle raconte tout même si cela n’est pas flatteur pour elle. Toutefois sa façon de dire, créé une distance avec elle. On n’arrive jamais à s’attacher à elle. On l’a sent vraie et authentique. Elle s’en fou des jugements qui peuvent se faire comme laisser son fils chez ces parents. Pourquoi vouloir flatter les conservateurs? C’est sa vie, un point c’est tout. Elle choisit la bichromie avoir noir et rose. Cela rend les choses plus sympathiques et chaleureuses. Le dessin est à la main levé est imprécis. Néanmoins, elle conserve les codes avec des cases, des bulles, les tracés noirs… Elle met aussi des détails sur les décors et les personnages. Une création complète qui ne lésine pas sur tous les aspects du quotidien. Le tout dans 368 pages qui prend un peu de temps à lire. Ravie d’avoir passé ce moment assez singulier qui prouve aussi l’audace des bédéastes femmes qui se révèle libre et autonome. Une démarche aussi engagée dans l’équité femme-homme.

Une bande dessinée qui change des récits de nanas qui évoquent leurs chaussures et leur soucis de compte bancaire. La bédéaste est libre, audacieuse et indépendante et se dévoile sans tabou en toute liberté.

   

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