A l’heure des distanciations sociales, comment la danse peut-elle trouver sa place? La danseuse et chorégraphe Sylvia Camarda s’interroge et va à la rencontre virtuel d’artistes. La danse va t’elle disparaître? Lire la suite
Archives de Tag: danse
Light Bird où Danse avec les grues
Luc Petton achève son triptyque avec sa nouvelle création Light Bird avec des grues de Mandchourie. Sur scène, il implique les danseurs avec les oiseaux pour créer une ambiance particulière. Une rencontre assez particulière et singulière à la fois aussi bien pour les artistes que les spectateurs. Lire la suite
Tap Factory
Tap Factory met au coeur de son spectacle les claquettes. 1h30 de danse, de musique et d’énergie pour nous raconter une histoire d’artistes et de passion. Lire la suite
Quand la Comédie-Française met la danse au cœur de L’Autre
C’est au 104, en janvier dernier, que la Comédie-Française a décidé de présenter son nouveau spectacle L’Autre. Un projet un peu singulier, puisque c’est un spectacle de danse qui nous est interprété par cinq comédiens. Un décloisonnement qui permet de révéler au public l’éventail des talents et les qualités d’interprétation qui ont plus d’une ressource en poche.
En 2010, la Comédie-Française accueillait Claire Richard pour la création d’un spectacle chorégraphique nommé Signature autour du chorégraphe Sidi Larbi Cherkaoui. C’est avec Françoise Gillard qu’elles vont mettre en création une nouvelle aventure dansée avec cinq comédiens vêtus de noir : deux femmes (Françoise Gillard et Claire de la Rüe du Can et trois hommes (Elliot Jenicot, Benjamin Jungers et Christophe Montenez) sur les planches du Vieux-Colombier. Les comédiens vont devoir alors travailler leur rapport au corps et aux déplacements sur un thème particulier : l’Autre. Le tout dans un décor de Gilles Taschet, très sobre tout en blanc avec juste un piano et quelques panneaux mobiles, tout en souplesse, où des projections se font accompagner de musique, de silence et de témoignage.
En effet, qui est cet autre à la fois complémentaire, idéal et imaginaire. Qui est-il ? Comment est-il ? Ami ? Ennemi ? Amant ? Jumeau ? Un autre nous ? Une autre partie de nous ? Pour réfléchir à cela un ensemble de danses en solo, duo ou groupes vont se succéder. Il est évident que ce ne sont pas des danseurs nés mais sous leurs muscles saillants une volonté et une passion émanent d’eux d’une façon incroyable. Ce n’est pas l’exactitude dans les gestes mais cette force qui se dégage qui m’émerveille. Les corps se frôlent, se touchent, se complètent, se surpassent…. Les regards intenses que jette Claire de la Rüe du Can, de ce bleu si profond me touche d’autant plus lorsqu’en duo avec Christophe Montenez, les corps se mélangent avec une douce sensualité tout comme de la violence.
Les comédiens nous regardent, nous, spectateurs de leur regard où brûle la flamme de la passion et de la concentration. Je suis subjuguée et n’arrive pas à quitter la scène des yeux même quand les silences se font pesants. Très jolie moment, quand les comédiens s’assoient au bord de la scène, regard sur le public et interprètent en langue des signes Voyage, Voyage de Desireless, modifié par Soap & Skin et surtout, magnifiquement interprété par le talentueux Benjamin Jungers. Au final, beaucoup de jolies moments se succèdent ou s’entrecoupe car chaque corps dégage une histoire, une sensualité ou brutalité propre que cela soit le génialissime Elliot Jenicot ou la danseuse Françoise Gillard. La grande maîtrise du jeu théâtrale se ressent beaucoup dans la danse et c’est cela qui permet d’en faire un spectacle surprenant et touchant à la fois.
Car la danse à la Comédie-Française, même si peu présente de nos jours dans les spectacles étaient plus prégnantes auparavant. Molière en intégra dans ces pièces et c’est même Louis XIV lui-même qui se mettait en scène dans Le Mariage forcé,Le Sicilien et Les Amants magnifiques. Dès 1662, il crée l’Académie royale de danse dirigée par Pierre Beauchamp, maître à danser du Roi et chorégraphe des comédies-ballets de Molière. Mais un conflit avec Lully va restreindre la pratique, limite interdite. La Comédie-Française va devoir payer des amendes à l’Académie royale de danse. De 1754 à 1799, on trouve le corps de ballet de la Comédie-Française. Au 19ème, les relations pacifiques entre le français et l’Opéra permet de redonner un éclat aux comédies-ballets de Molière qui sont presque oubliées de nos jours et surtout passées de mode.
L’autre est un moyen pour la Comédie-Française de renouer avec la tradition de la présence de la danse dans les classiques. Les comédiens investis, du pied à la tête, se donnent complétement au spectacle subjuguant les spectateurs même les plus réticents à la nouveauté. Impossible de ne pas être touché par la fureur de vivre et la rage de vouloir tout donner en voyant cette flamme dans leur regard et le feu de leur corps. Le théâtre de la Ville a intérêt à bien se tenir car la concurrence est là.
Les élans ne sont pas toujours des animaux faciles – Théâtre Michel
L’hiver arrive à grande vitesse avec le froid à vous glacer les oreilles. Alors pour se réchauffer et travailler les zygomatiques, rien de tel qu’un voyage en absurdie au Théâtre Michel pour aller à la rencontre des élans, même si ce ne sont pas toujours des animaux faciles.
Sur la scène à peine éclairé on peut découvrir trois espaces bien définis. Un piano à droite, un fauteuil en cuir noir accompagné d’une grande lampe et d’une petite table et à gauche un siège haut, type bar et un petit meuble en bois. Le point commun entre ces trois lieux ? Des bouteilles d’alcool pleines et vides éparpillés. Importants ces bouteilles, car c’est autour de verres que trois comédiens, musiciens et chanteurs vont nous emmener dans un univers où les jeux de mots côtoient avec talent la musique.
Jean-Edouard : Ça vous intéresse un bout d’arc-en-ciel ?
Benoît Urbain, Emmanuel Quatra et Pascal Neyron vont nous raconter des souvenirs, des histoires et des anecdotes qui ont en commun une pointe d’étrangeté. Ainsi on va découvrir qu’un des garçons qui est amoureux d’une femme habitant son immeuble, va être contrarié car la belle n’aime pas les jeux fléchés que lui adore. Ou un autre qui va draguer une femme sublime qui va tomber sous son charme, mais pas de chance c’est une femme d’un côté et un homme de l’autre ou encore une rencontre improbable avec Verlaine mais faut-il en parler en Rimbaud ?
Bien entendu les histoires sont farfelues, mais se sont ces dernières qui souvent les plus drôles et souvent les plus touchantes. Le tout accompagné par des intermèdes chantés et ainsi on entend du Gershwin, du Nougaro, du Trenet… avec des vrais et faux instruments. Véritable coup de cœur pour la contrevalise et son son presque unique. Il serait dommage d’oublier aussi de parler de leur tenu qui donne un charme crooner. Les trois hommes vêtus de costumes noirs portent avec élégance une chemise de couleur différente assortie aux chaussettes. La classe…
Dans un univers poétique et loufoque, les rires et les sourires sont présents durant l’intégralité du spectacle. Le public qui m’entoure est tout autant ravi que moi car nous avons eu le droit à trois rappels et quelques blagues élantesques. Alors si vous voulez brillez de satisfaction au sortir d’un spectacle, courrez voir ce bijou d’écriture et d’interprétation.
Plus d’infos au Théâtre Michel
Ce qu’en dit la presse
Le Parisien : « on rit, on swingue »
Figaroscope : « Avec ce trio de choc, le soleil luit même en pleine nuit. »
Libération: »les sketches déjantés de Laurent Serrano ne manquent pas de swing ! »
Web Théâtre : »Comique à froid et musique à chaud, c’est le secret d’un cabaret parfait »
Télérama: « Délicieux »
Les échos : « Les Elans de rêve », « beau répertoire enfoui, qui rendent ce spectacle très séduisant »
Le Monde : « Simple et féérique »
Direct Matin : « ils créent un univers très farfelu »
A nous Paris : « on ne peut que saluer une proposition artistique dont les enjeux consistent à subvertir les codes et à ré-enchanter le quotidien »
L’Express : « Délicatement absurde. Un régal ! »
La Croix : « Un spectacle très séduisant. »
JDD : « Avec ces drôles d’élans, ça balance et ça emballe ! »
Les chansons
Chanson d’automne (P. Verlaine /Ch. Trenet)
They can’t take that (I. et G. Gershwin)
Yellow Train (B. Urbain)
Home At Last (St. Dan)
The Girl Next Door (R. Blane et M. Hugh)
Extraterrum (B. Urbain)
I Wonder Why (M. Anderson et R. Weeks)
Anne-Laure Song (B. Urbain)
Summertime Blues (E. Cochran)
Une bouteille à la mer (Cl. Nougaro et M. Vander)
Lien vers le dossier de presse réalisé par le Lucernaire
Via Sophiatown – Théâtre de la Cité Internationale
Le théâtre de la Cité Internationale accueille dans le cadre de Paris Quartier d’été un spectacle qui fait voyager dans le temps et dans l’espace. Direction l’Afrique du Sud, dans un quartier de Johannesburg, Sophiatown, qui a de nos jours, disparu.
Sophiatown,dans les années 50, avait la particularité d’être un quartier multiracial et multiculturel où les notes de musique et les pas de danses se mélangeaient. Il incarna la lutte contre l’Apartheid et aussi un espace où naquit des nombreux Hommes se battant pour la liberté et l’égalité. Les artistes aussi ont également leur place dans le symbole de la lutte. Le spectacle incarné par la compagnie Via Katlehong veut retracer cette période accompagné de photos, de musiques, de chants et de danse.
Deux musiciens donnent une partie du son en direct (piano et saxophone) avec une bande sonore pour le tsaba-tsaba, le kofifi ou le gumboot. Tous les danseurs occupent la scène tout en chantant. La musique emplit les oreilles et parfois le pied bas le rythme sans que l’on puisse s’en rendre compte. Toutefois, les pas ne sont pas très souvent identiques même si tous dansent sur la même musique. Cela surprend par rapport à ce que l’on peut voir dans d’autres spectacles de danse.
J’ai vraiment adoré la danse gumbot qui est très liée à l’esclavage minier. Des hommes noires travaillaient dans des mines d’or. Ils n’avaient pas le droit de parler et devaient rester enchaînés. Afin de pouvoir communiquer, ils faisaient du bruit avec leurs bottes et leurs chaînes et créèrent ainsi un code. De nos jours, les chaînes sont remplacées par des clochettes de différentes sonorités attachées aux chaussures. Les hommes bougent en tapant aussi bien sur le sol qu’en frappant leurs bottes hautes en plastiques.
L’art s’approprie la question politique afin d’amener les gens dans un rythme dynamique à la réflexion sur le racisme et l’intolérance. Un spectacle qui aborde la dureté du travail , la violence, la haine et aussi le plaisir de la danse et du chant avec l’échange. Via Sophiatown met du son plein les oreilles et qui donne furieusement envie de danser.
Lien vers le spectacle au Théâtre de la Cité Universitaire
L’oublié(e) avec Raphaëlle Boitel à La Villette
La Villette accueille dans la grande halle la première création d’une artiste circassienne : Raphaëlle Boitel de la compagnie Oublié(e) dans L’Oublié(e).
Raphaëlle Boitel entre à l’école Nationale du Cirque Annie Fratellinie en 1992. Elle débute sa carrière professionnelle à l’âge de 13 ans avec James Thierrée, qui a vu en elle, une graine de talent. Même si elle travaille à ces côtés, son univers est assez éloigné de la poésie et de l’onirisme de ce dernier.
Dans L’Oubliée, elle ouvre la porte de son imaginaire où de ses cauchemars. Son univers m’a rappelé celui de David Lynch, de Pina Bauch, Loïe Fuller , Tchekhov… Une multitude de références riches en couleurs, en formes et en sons. Dans un décor simplifié où l’on trouve juste une grande toile plastique blanche et une vitre en verre semi-polie s’expriment cinq artistes dont trois femmes. Important le nombre de femmes, car se sont-elles qui sont au coeur de cette histoire aux situations fantastiques.
Ainsi une succession de tableaux nous apparaît dans un esthétisme époustouflant. Le spectateur ne rit pas, ne sourit pas, il reste captivé par ce qu’il se passe sur scène. Gabrielle Boitel s’envole dans les airs, virevolte dans les mains d’un homme où tire ce dernier via une longue robe. Les gestes sont entiers et surprenants remplis de douceur et de brutalité. La musique devient une composante importante, nécessaire et entêtante où les genres se mélangent. Le rock se mélange à l’électro, à une base rythmique et même à l’absence de note. Car même dans les instants où la musique s’arrête pour nous faire entendre les bruits comme le bruissement de feuilles qui tombent ou un éclat de rire, un silence subjugué persiste.
Bien entendu, dans le spectacle on découvre du cirque moderne où la règle reste de dépasser les frontières, casser les codes et créer s’impose ici. La danse contemporaine se mêle au cirque qui se mêle aux jeux de silhouettes du 17ème tout comme le cinéma ou du cabaret. Alors sans surprise, je regarde l’obscurité où une lumière dirigée par une lampe de poche poursuit des femmes courants dans tous les sens.
Un spectacle qui ne peut pas nous laisser dans une totale indifférence. Une artiste qui a développé le talent de la folie créative pour entraîner le chalands dans un ailleurs troublant. C’est avec certitude que Gabrielle Boitel à un bel avenir culturel devant elle.
A la Villette jusqu’au 12 juillet 2014.
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Les danseurs fantastiques – Le Temple
Après plusieurs passages à l’émission La France a un incroyable talent sur M6 en 2011, Les danseurs fantastiques se produisent maintenant sur la scène du Temple. Lire la suite
Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran – Eric-Emmanuel Schmitt
Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran
Eric-Emmanuel Schmitt
Editeur : Magnard
Nombre de pages : 66
En décembre 1999, Eric-Emmanuel Schmitt a mis sa plume au service de Bruno Abraham-Kremer, qui a crée, mis en scène et interprété une pièce de théâtre au nom de Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran. Le succès fut immédiat. De ce monologue est né un petit et passionnant roman racontant la vie de Momo à Paris.
Le livre débute ainsi « A onze ans, j’ai cassé mon cochon et je suis allé voir les putes« . On est directement dans l’histoire, dans la vie de Moïse dit Momo. Il est élevé par son père, qui ne l’aime guère et qui n’arrête pas de dire que son grand frère Popol, valait mieux que lui. Il le néglige complètement. Sa mère est partie, soit disant avec son grand frère, il ne l’a connaît pas.
Son père, chaque jour, lui laisse de l’argent sur la table pour qu’il achète de quoi faire à manger le soir. Il l’accuse de voler la monnaie. Puisque c’est ainsi, il a décidé d’économiser de l’argent, surtout pour revoir les prostitués de la rue du paradis et pour cela, il va voler. Mais pas n’importe qui, l’arabe en bas de la rue, de la rue Bleue. « Après tout, ce n’est qu’un Arabe! » se dit-il. Monsieur Ibrahim le voyait bien et s’est prie de sympathie pour ce petit. Chaque jour, ils se sont mis à échanger des mots.
« Arabe, Momo, ça veut dire « ouvert de huit heures du matin jusqu’à minuit et même le dimanche » dans l’épicerie ». C’est à partir de cette phrase que Momo voulu découvrir M. Ibrahim. Il lui parla de sa religion, le soufisme de son coran et de la valoir des choix que l’on fait. Chaque soir, lorsque son père va se coucher il descend discuter de la vie avec son ami l’épicier. Même lorsque son père l’abandonne, il va donner le change, jusqu’au passage de la police.
« Momo,
Excuse-moi, je suis parti. Je n’ai rien en moi pour faire un père. »
Monsieur Ibrahim va adopter Momo et lui faire découvrir ces racines. « On fera des voyages, Momo. Et cet été, on ira ensemble dans le Croissant d’Or, je te montrerai la mer, la mer unique, la mer d’où je viens. » Ce voyage va lui apprendre à s’ouvrir au monde, à pardonner et à se connaître. Il va renouer avec sa mère aussi, une partie de ces racines.
Il va devenir un homme, car son père spirituel l’avait emancipé et avec son apprentissage, il va découvrir l’amour et le vrai sens de la famille. L’ensemble de l’histoire se lit avec plaisir non dissimulé, car un léger ne m’a pas quitter au fur et à mesure de ma lecture. J’ai apprécié l’échange avec une vielle dame autour de la pièce qu’elle avait adoré, elle ne savait pas qu’il existait en livre, elle va l’acheter pour son petit fils. Sans jugement, sans apriori avec une grande douceur et innocence, on s’attache à tous les personnages. Un vrai hymne à l’amour et à la tolérance.
Avec un certain émoi et un grand sourire, j’ai lu ce livre qui se complète avec le très bon souvenir de la pièce, vu il y a fort longtemps. Depuis, je ne passe plus devant l’arabe à côté de chez moi avec un grand sourire et me disant que peut-être monsieur Ibrahim est assis sur son tabouret.
Prix
2006 – Belgique, Grand Prix Etranger décerné par les Scriptores Christiani
2004 – Allemagne, Deutscher Bücherpreis (grand prix du public)
Du même auteur
Milarepa
Oscar et la dame en rose
La secte des égoïstes
La rêveuse d’Ostende
Les deux messieurs de Bruxelles
Les avis des participantes au challenge Eric-Emmanuel Schmitt
Lectrice in the train : lectriceinthetrain.wordpress.com/2012/03/23/monsieur-ibrahim-et-les-fleurs-du-coran/
Cacahuète : mamemoir.canalblog.com/archives/2008/03/22/8411098.html
Lecture et compagnie : psaimelire.blogspot.fr/2012/04/monsieur-ibrahim-et-les-fleurs-du-coran.html
Delcyfaro : delcyfaro.blogspot.fr/2012/06/monsieur-ibrahim-et-les-fleurs-du-coran.html
Un chocolat dans mon roman : www.unchocolatdansmonroman.fr/article-monsieur-ibrahim-et-les-fleurs-du-coran-eric-emmanuel-schmitt-101140972.html
Cinéma
Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran, sorti en 2003, réalisé par François Dupeyron. Omar Sharif, qui incarne à merveille M. Ibrahim, a reçu le César du meilleur acteur en 2004.
Plus d’informations sur l’auteur : www.eric-emmanuel-schmitt.com